Stephen Shames a passé 30 ans à photographier les kids du Bronx

Stephen Shames a passé 30 ans à photographier les kids du Bronx

Bronx Boys, de 1977 à 2001

Nombre des sujets de Stephen ont péri entretemps, victimes de la pauvreté ou de la consommation de drogue. Il a capturé cela pour l’éternité dans une série de photos intime et touchante. L’intégralité du résultat est aujourd’hui tout près de voir le jour dans Bronx Boys, un livre publié par les éditions de l’Université du Texas, en octobre 2014. Ci-dessous, quelques mots du photographe qui évoque ce ghetto si étrange qu’est (était ?) le Bronx.

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Le Bronx a une beauté terrifiante, rigide et sévère. Comme un désert. Au premier regard, on imagine que rien ne peut y vivre. Puis on comprend que la vie y est partout. Les gens s’adaptent, survivent, et même prospèrent dans cet environnement urbain mais aussi lunaire, repaire de plaisirs fugaces et de faux espoirs.
Au XVIè siècle, Thomas Hobbes décrivait l’état d’existence comme “la peur et le danger constants d’une mort violente ; et la vie de l’homme comme solitaire, pauvre, mauvaise, bestiale et courte”. La vie est toujours ainsi dans le Bronx.
Voilà des photos de mes amis, que j’ai rencontrés lorsqu’ils étaient enfants et qui sont devenus ma famille, tout comme d’autres qui ont surgi une fois devant mon objectif avant de disparaître à jamais. Je les ai vus grandir, tomber amoureux et avoir leurs propres enfants.
Je suis souvent terrifié par le Bronx. Mais parfois, je m’y sens comme chez moi. La réciprocité entre le bien et le mal, la violence et l’amour, le chaos et la famille sont les thèmes de ce travail. Mais ce n’est pas une documentation. Il n’y a pas de fil conducteur. Ici, il n’y a qu’un ressenti.