Une star pakistanaise des réseaux sociaux tuée par son frère pour “l’honneur”

Une star pakistanaise des réseaux sociaux tuée par son frère pour “l’honneur”

Surnommée “la Kim Kardashian pakistanaise”, Qandeel Baloch a été victime de ce qu’on appelle un “crime d’honneur”, un acte rarement puni par la justice du pays.

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À 26 ans, Qandeel Baloch s’était construit une notoriété médiatique sur Internet et à la télévision dans son pays natal, le Pakistan. Véritable phénomène, elle a très vite été comparée à une autre star du buzz, l’Américaine Kim Kardashian. Le 15 juillet dernier, son frère, Muhammad Wasim l’a étranglée, chez leurs parents, dans son sommeil afin de restaurer l’honneur de sa famille. Interrogé par la police peu après son arrestation, il n’a d’ailleurs pas nié les faits : “Je n’éprouve aucun état d’âme pour ce que j’ai fait”, a-t-il déclaré. Il a également expliqué qu’il ne pouvait plus “tolérer” le comportement de sa sœur, qu’il considérait humiliant pour la famille.

Cet assassinat a été qualifié de “crime d’honneur”, un terme juridique qui désigne des actes perpétrés contre des individus qui auraient enfreint un code d’honneur, “salissant” la réputation d’un nom ou d’une famille.

Qandeel Baloch, femme trop libre

Qandeel Baloch, de son vrai nom Fouzia Azeem, a fait ses premières armes sur Internet grâce à des vlogs et une présence importante sur les réseaux sociaux : plus de 780 000 fans la suivaient sur Facebook et près de 60 000 personnes sont abonnés à son compte Instagram. Qandeel Baloch souhaitait être célèbre, elle qui a été mariée de force à 17 ans à un homme violent, avant de s’enfuir, laissant un enfant qu’elle n’a sûrement pas choisi d’avoir.

Après quelques passages à la télévision, dont une audition au télécrochet Pakistan Idol qui n’a laissé personne indifférent, elle a continué a faire parler d’elle, déchaînant toutes les passions.

Entre ses selfies sulfureux, son apparition dans le clip “Ban”, aux côtés du chanteur pakistanais Aryan Khan, où on peut la voir twerker en tenue très sexy, et sa promesse de strip-tease, en mars dernier, si l’équipe de cricket de son pays remportait le match contre l’Inde, Qandeel comptait autant d’admirateurs que de détracteurs. Trois semaines avant le meurtre, elle avait reçu des menaces de mort et prévenu les autorités.

Certains ont vu en elle une femme libre qui n’avait pas peur de s’exprimer comme elle l’entendait. Elle s’assumait d’ailleurs comme une femme indépendante et s’insurgeait contre le sexisme dans son pays.

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“J’ai tiré des leçons de la vie, dès mon plus jeune âge… Ma lutte pour devenir une femme indépendante n’a pas été facile.”

Elle a été injustement assassinée par son frangin, parce que celui-ci était persuadé que sa façon de vivre n’était pas convenable pour une femme. Au Pakistan, comme dans beaucoup d’autres pays, une femme n’a pas le droit de faire ce qu’elle veut de son corps, et de son image, sans mettre sa vie en péril.

Un crime misogyne, qui n’a rien d’honorable

Pour la justice, Muhammad Wasim est coupable de “crime d’honneur”, une notion qui n’arrange pas vraiment les femmes. Dans de nombreux cas, c’est la famille ou l’entourage de la victime qui passe à l’acte, lui reprochant d’avoir un style de vie inapproprié offensant l’honneur de ses proches. Un reproche qui sert à museler la parole et la liberté des femmes, et à limiter leurs droits. Le journal pakistanais Dawn, cité par Courrier international explique :

“Les Pakistanais sont rarement touchés lorsque c’est une femme qui est tuée, qu’elle ait parlé à un inconnu, choisi l’homme qu’elle allait épouser ou agi contre la volonté de sa famille.”

Chaque année, au Pakistan, un millier de femmes sont assassinées sans que leurs meurtriers ne soient punis par la loi. La législation du pays protège ces tueurs de la prison : s’ils sont pardonnés par la famille de la victime, à qui ils peuvent verser une indemnité, ils sont reconnus innocents aux yeux de la loi.

Une mesure honteuse qui justifie les féminicides, trop peu reconnus aujourd’hui à travers le monde.