Dans une tribune publiée sur le Huffington Post, l’association SOS homophobie demande au gouvernement de travailler à une ouverture de la PMA aux femmes lesbiennes et célibataires dès la rentrée, pour qu’elle soit légalisée à la fin de l’année.
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Il y a un mois, le Comité d’éthique a donné un avis favorable à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes. En France, elle n’est pour le moment possible que pour les femmes hétérosexuelles de moins de 43 ans, en couple depuis au moins deux ans et ayant des problèmes d’infertilité. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est exprimé en faveur d’une “ouverture de la PMA à des personnes sans stérilité pathologique”, “pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles”. Tout en mentionnant cependant quelques “points de butée”, notamment quant aux “conséquences pour l’enfant, du risque de marchandisation accrue et des conditions de faisabilité”. Le comité concluait son rapport en encourageant à :
“[Ce] que soient étudiées et définies des conditions d’accès et de faisabilité, notamment en distinguant la situation différente des couples de femmes et des femmes seules, en maintenant le principe actuel de gratuité des dons et en étudiant les modalités (remboursement refusé ou différencié) pour que l’assurance maladie ne supporte pas les charges financières correspondantes.”
“Attendre 2018 revient à reporter une nouvelle fois la PMA à un débat et à une loi future”
En avril dernier, Emmanuel Macron s’était quant à lui déjà déclaré pour l’ouverture de la PMA “aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires” dans un courrier adressé aux associations LGBTQ+. Autant de feux verts qui, après la publication de l’avis du CCNE, avaient amené la ministre de la santé Agnès Buzyn à programmer l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux célibataires fin 2018. Pour ce faire, un débat devrait avoir lieu la même année dans le cadre des états généraux sur la bioéthique. Mais ce calendrier est jugé insatisfaisant par l’association SOS homophobie.
Ce 31 juillet, son président Joël Deumier et sa vice-présidente Véronique Godet ont publié une tribune sur le Huffington Post demandant au gouvernement d’accélérer le pas pour l’accès à la PMA pour toutes. En cause, le fait de rouvrir un débat qui a déjà eu lieu et s’est soldé par l’avis favorable du Comité d’éthique. Pour Joël Deumier et Véronique Godet, ce débat n’a par ailleurs pas de sens à moins de “vouloir continuer d’accepter une discrimination en fonction de l’orientation sexuelle”. Sans compter le caractère risqué de ce délai :
“Attendre 2018 revient à reporter une nouvelle fois la PMA à un débat et à une loi future. Attendre 2018 ouvre un boulevard aux conservateurs de tous bords pour lever des fonds, s’organiser, produire de la haine, et empêcher l’extension de la PMA à toutes les femmes. Attendre 2018, c’est envoyer le signal à toutes les femmes, qui attendent depuis plusieurs années la réalisation de leur projet parental, que leurs aspirations ne sont pas une priorité.”
Une affaire de santé publique
Ils demandent donc “au gouvernement de s’atteler dès la rentrée à un calendrier législatif à la hauteur des attentes et que la PMA pour toutes les femmes soit rendue possible avant la fin de l’année 2017”. Et mettent en avant le fait que cette ouverture est un véritable enjeu de santé publique, alors que des femmes lesbiennes et célibataires se rendent chaque année à l’étranger ou recourent à des PMA “de manière clandestine”, avec les risques que cela implique. Les deux responsables de l’association expliquent également que des femmes sont forcées de recourir à des donneurs via Internet, sans connaître leurs motivations et les potentiels risques d’infection sexuellement transmissible qu’elles encourent.
Joël Deumier et Véronique Godet en appellent enfin aux valeurs de la république française, et sa “promesse républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité” dans laquelle la PMA s’inscrit pleinement, donnant aux femmes le choix de disposer de leur corps et de leur vie et en rétablissant l’égalité face aux couples hétérosexuels. Pour demander au “Président de la République, Madame la ministre, mesdames et messieurs les parlementaires de la majorité” de “faire évoluer rapidement et sans attendre les droits de milliers de femmes et de concrétiser l’idéal républicain d’égalité”. Un avis qui serait partagé par une majorité de Français, puisque fin juin, un sondage de l’IFOP montrait que plus de 60 % d’entre eux approuvent la PMA.