Autrefois victimes de violente ségrégation raciale à l’entrée des piscines, les aînés de Simone Manuel peuvent aujourd’hui la saluer pour être devenue la première nageuse noire américaine à remporter l’or aux JO.
À voir aussi sur Konbini
#TeamUSA breaking records and changing the world one medal at a time @simone_manuel pic.twitter.com/TgAC37mPL7
— Fingerprint (@FingerprintComm) 12 août 2016
Simone Manuel vient de marquer l’histoire en devenant la première nageuse afro-américaine à remporter l’or aux Jeux olympiques – en individuel.
Au terme d’un 100 mètres nage libre (épreuve phare de natation) très disputé, la nageuse de 20 ans a terminé à la première position ex æquo avec la Canadienne Penny Oleksiak et juste devant la Suédoise Sarah Sjöstrom. Une performance à la fois historique et ô combien symbolique pour la communauté afro-américaine.
“Cette médaille n’est pas seulement pour moi. Elle est pour tout un tas de gens qui étaient là avant moi, et qui ont été une source d’inspiration pour moi.”
En larmes à sa sortie du bassin, c’est pour toute une communauté que Simone Manuel a arraché sa victoire. Une communauté autrefois victime de violente ségrégation raciale à l’entrée des piscines américaines.
Ce temps où les piscines étaient interdites aux Noirs
Dans la première moitié du siècle dernier, les piscines se trouvaient principalement dans les quartiers blancs. Pour se baigner, les Noirs devaient donc s’y rendre. Sauf que l’accès leur en était interdit.
Entre 1920 et 1950, les Noirs n’avaient pas le droit de se baigner dans les piscines américaines. Au milieu du siècle, ils ont commencé à réclamer leur droit, se heurtant alors à l’animosité austère des Blancs. Comme à Saint-Louis dans le Missouri en 1949, où des milliers d’Américains ont brutalement chassé de leur piscine d’autres Américains, simplement à cause de la couleur différente de leur peau, qui étaient venus contester la ségrégation dont ils étaient victimes.
Finalement, en 1950, des lois ont obligé les piscines publiques à accepter les Noirs dans leurs bassins. Dès lors, leur fréquentation a considérablement chuté : par exemple, pendant l’été 1948, la piscine de Saint-Louis, là où tout est parti un an plus tard, recevait environ 313 000 nageurs, puis 60 000 en 1950 et 25 000 en 1954, une fois que le lieu a été autorisé aux Noirs. Les Blancs migraient alors vers les piscines privées, jusqu’à ce que l’histoire se réécrive de nouveau en 1973, lorsque les afro-américains ont enfin pu accéder à ces derniers établissements.
Pour donner l’une des raisons d’un tel rejet, Slate citait l’historien Jeff Wiltse, auteur d’un livre sur le sujet. Il y expliquait qu’il était plus difficile pour les Noirs d’accéder à une piscine que d’aller à l’école, et que les Blancs “craignaient que les hommes noirs, qui avaient selon eux un désir indomptable pour les femmes blanches, touchent les femmes dans les piscines ou leur fassent des avances”.
Un article de Fusion ressortait également une archive montrant le propriétaire d’un motel verser de l’acide dans l’eau pour pousser des Noirs à fuir sa piscine. C’était en 1964.
Here's a white motel manager dumping acid on black swimmers who refused to leave a pool in 1964. #SimoneManuel pic.twitter.com/n0UXjkbCSa
— Jamilah King (@jamilahking) 12 août 2016
Heureusement que ce temps-là est révolu, et que l’histoire évolue, marquée par de jolis contes tels que celui de Simone Manuel et sa victoire aujourd’hui symbolique.