Engagée toute sa vie, Raymonde Tillon était la dernière représentante des 33 premières femmes députées à être entrées à l’Assemblée nationale. Elle est morte dimanche 17 juillet, à l’âge de 100 ans.
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“Le président de la République salue le parcours exemplaire de cette femme engagée“, peut-on lire depuis hier sur le site de l’Élysée. Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, a lui salué “son esprit de liberté, sa soif de justice et sa lutte contre l’arbitraire sous toutes ses formes”. Raymonde Tillon a été l’une des 33 premières députées françaises à entrer à l’Assemblée nationale en 1945. C’était alors une avancée historique pour les droits des femmes. À 100 ans, elle était la dernière encore en vie. Son parcours, digne d’un récit romanesque, reflète une époque dont peu peuvent encore témoigner aujourd’hui.
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En 1941, alors qu’elle est arrêtée pour faits de résistance, le tribunal maritime de Toulon la condamne à vingt ans de travaux forcés. Elle a alors 25 ans. Prisonnière à Marseille, Toulon puis Lyon, elle est livrée aux Allemands en 1944. Elle finit au camp de Ravensbrück et travaille dans une usine de guerre. Elle réussit à s’évader le 20 avril 1945, peu avant l’armistice du 8 mai. Le retour à la vie réelle est plus que difficile, comme elle l’avait raconté : “Quand je suis revenue à Paris, pesant à peine 35 kilos, j’ai appris le décès de mon mari, mort d’épuisement dans la Résistance.”
Une femme politique connue et reconnue
Communiste, elle entre en 1945, avec 33 autres femmes à la première Assemblée constituante de la IVe République, ouvrant un boulevard aux femmes en politique. “On était émues. Les femmes étaient reconnues comme des citoyennes, en tenant compte de leur travail dans la Résistance, s’était-elle rappelé auprès de l’AFP en 2005. Nous étions de partis différents. Mais, toutes, nous nous disions : enfin !”
De 1945 à 1951, elle sera députée des Bouches-du-Rhône. C’est également à cette époque qu’elle épouse en secondes noces Charles Tillon, dirigeant du Parti communiste français (PCF). Tout deux en seront exclus en 1970, après avoir critiqué la politique stalinienne soutenue par une grande partie des communistes de l’époque. L’histoire donnera raison à ses critiques avant-gardistes. Raymonde Tillon était restée une femme politique connue et reconnue : l’année dernière encore, l’Assemblée nationale lui souhaitait un très bon anniversaire pour ses 100 ans.
En 2002, à 87 ans, elle s’était lancée dans l’écriture d’un récit autobiographique intitulé J’écris ton nom, liberté : des camps nazis à l’Assemblée nationale, préfacé par Germaine Tillion (avec un “i” en plus), autre grande résistante, entrée au Panthéon en 2015. L’année dernière, Raymonde Tillon avait choisi de retourner vivre à Rennes, région natale de son second mari.