Le programme Erasmus fête ses 30 ans et il a marqué toute une génération

Le programme Erasmus fête ses 30 ans et il a marqué toute une génération

photo de profil

Par Cyrielle Bedu

Publié le

Symbolisé pour toujours par le film L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, le programme de mobilité étudiante Erasmus souffle ses 30 bougies cette année. Trente années de rencontres, de voyages et de pérégrinations estudiantines, qui ont façonné toute une jeunesse européenne.

À voir aussi sur Konbini

Souvenez-vous : Xavier, jeune étudiant français, débarque à Barcelone, pour vivre son année Erasmus. Il est perdu avec ses bagages dans les rues de la ville, ne connaît personne, et parle à peine espagnol. Son objectif (ou plutôt celui de ses parents), c’est d’avoir une expérience à l’étranger, qui pourra l’aider à trouver un job à son retour en France. Mais son année, loin d’être rythmée par ses cours à la fac, sera en fait une série de rencontres, de soirées, et de quiproquos en tous genres, vécus avec ses colocs, qui viennent eux aussi des quatre coins de l’Europe. À sa sortie en 2002, le film L’Auberge espagnole connaît un franc succès, avec près de 2,7 millions d’entrées en salles. Sous les traits de l’acteur Romain Duris, Xavier personnifie alors toute une jeunesse en quête d’aventures, de voyages et d’échanges.

Le cosmopolitisme comme mot d’ordre

C’est en 1987 que l’Union européenne (UE) lance ce qui deviendra le programme Erasmus. Son concept : pendant une période allant de trois mois à un an, les jeunes Européens peuvent aller étudier dans 33 pays (11 à l’époque de son lancement) membres de l’UE, de l’Espace économique européen ou dans des États en procédure d’adhésion à l’UE (Turquie et Macédoine). Erasmus se fait petit à petit connaître dans les universités de toute l’Europe. Fin 2016, ce sont plus de 3 millions de personnes qui sont parties étudier à l’étranger grâce à ce programme.

Le principal but d’Erasmus, c’est de favoriser les rencontres et la découverte de nouvelles cultures entre les jeunes Européens. C’est d’ailleurs pour ça que l’UE s’est inspirée du nom du philosophe et théologien néerlandais Érasme (Desiderius Erasmus Roterodamus ou Érasme de Rotterdam) pour nommer le programme d’échange. Au XVe et au XVIe siècle, cet humaniste a milité pour la paix en Europe et a œuvré pour une Europe unie au-delà des frontières.

Et c’est exactement ce qu’a permis le programme Erasmus : briser les a priori et autres barrières culturelles et de langues. Mais il a aussi permis à des millions d’étudiants de vivre des moments insolites et inoubliables :

Elie, 22 ans, Erasmus en Estonie

“Je suis parti quand j’étais en 3e année de licence. Au début, je voulais aller en Finlande, mais faute de places disponibles, j’ai finalement opté pour l’Estonie, qui se trouve juste à côté. J’avais 19 ans, c’était la première fois que je partais vivre seul, loin de mes parents. Je me suis mis en coloc avec une pote de fac partie elle aussi en Erasmus dans la même ville, et deux autres étudiants, un Iranien et un Estonien. Un jour, on a voulu partir une journée en Suède. Il y avait un ferry qui faisait régulièrement des allers-retours entre le port de Tallinn, en Estonie, et la ville de Stockholm. On a donc décidé de partir avec tous les potes Erasmus qu’on s’était faits, leurs potes, et les potes de leurs potes… Résultat, on s’est retrouvé à 40 à faire le trajet en ferry de nuit, sur un bateau où il y avait un bar, une discothèque… C’était fou. C’est une des plus grosses soirées que j’ai faite et un de mes meilleurs souvenirs de mon année Erasmus.”

Jordan, 23 ans, Erasmus en Hongrie

J’étais en Erasmus l’année dernière à Pécs, en Hongrie. Pendant les vacances de la Toussaint, j’ai fait un road trip dans les Balkans avec des potes : Croatie, Bosnie, Serbie, Monténégro… Le voyage a duré 9 jours, on a fini par la Macédoine, dans la capitale, Skopje. Comme dans chaque ville où on a été, on y a fait la fête et, en sortant de boîte, avec un pote finlandais, on s’est mis à chercher un drapeau du pays à ‘voler’. C’était devenu un rituel : on subtilisait un drapeau dans chaque pays où on allait. À Skopje donc, après 1 heure de recherche, on est finalement tombés sur une rangée de drapeaux immenses érigés sur des mats, et on a essayé d’en prendre un. Le drapeau est descendu, on l’a arraché et on s’est barrés en courant. À peine rentrés à l’auberge de jeunesse, je réveille mon coloc français pour lui montrer notre superbe prise, et il décide qu’il veut le sien. Il va donc en chercher un autre avec mon fameux pote finlandais, pendant que moi je vais me coucher. Quelques heures plus tard, mon coloc me réveille : le Finlandais s’est fait chopper par la police pendant qu’il prenait le second drapeau. La police appelle l’auberge de jeunesse pour dire qu’elle recherche activement le Français qui était avec le Finlandais… Mon coloc se dénonce, et passe la journée en garde à vue. Il s’avère qu’on avait pris nos drapeaux sur le bâtiment du Parlement de Macédoine. Il s’agissait d’un crime fédéral, mes potes risquaient la prison. Après moultes négociations, ils s’en sont sortis avec 500 euros d’amende chacun (plus que le smic là-bas), et ils sont interdits de territoire pendant un an. Au total, on a volé six drapeaux différents mais on est pas près de retourner en Macédoine.

Sandrine, 29 ans, Erasmus en Grèce

Erasmus en vrac, c’est : des rencontres, vivre comme un local, s’imprégner d’une nouvelle culture, s’intégrer dans une autre société, aller au-delà des a priori, faire confiance aux autres et SE FAIRE CONFIANCE. Être plus débrouillard, développer son ouverture d’esprit, partir seule avec un groupe inconnu découvrir des lieux inconnus, dire oui à tout, être partante pour tout : les apéros, les soirées à thème, la découverte des spécialités locales, des lieux improbables, les visites culturelles ou non, les week-ends à droite, à gauche… Devenir (encore plus) curieux (de tout !), se faire des amis aux quatre coins du monde (et avoir encore plus de pays à visiter). Erasmus se définit comme un ‘programme européen pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport’, mais il va bien au-delà et, il représente une expérience unique et inoubliable dans une vie. L’accent n’est pas assez mis sur l’humain qui est pour moi la grande force de cet échange. Je ne connais pas un seul étudiant parti en Erasmus qui ne garde pas un souvenir impérissable de son expérience. Partir en Erasmus peut être aussi excitant que terrifiant, mais sortir de sa zone de confort est toujours positif.

À l’occasion des 30 ans d’Erasmus, l’Union européenne a lancé en 2014 Erasmus +, une sorte d’amélioration de l’Erasmus déjà existant. Au programme : une simplification des démarches administratives pour s’inscrire au dispositif, la possibilité de continuer le programme Erasmus après ses études, ou encore de partir étudier hors d’Europe. Avis aux amateurs.

À lire -> Vous souhaitez partir en Erasmus ? Voici 5 grandes villes abordables