Au Festival international du film de Marrakech, Martin Scorsese et Robert De Niro ont longuement discuté des nouvelles manières de produire et voir des films.
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Martin Scorsese et Robert De Niro n’avaient pas collaboré ensemble depuis la sortie de <em>Casino,</em> en 1995. (© Universal)
Netflix n’est plus une simple plateforme de streaming sur laquelle on passe ses dimanches soir à binger une série qu’on ne voulait même pas voir à la base. Le service assoit maintenant sa domination du marché en se plaçant comme un producteur incontournable.
Si l’adaptation de Death Note en live-action ou Bright n’étaient clairement pas à la hauteur, La Ballade de Buster Scruggs des frères Coen et Roma d’Alfonso Cuarón, deux grands succès déjà salués par les critiques, nous prouvent que Netflix peut aussi produire (ou distribuer) de bons films. Notons que le dernier film d’Alfonso Cuarón est à l’affiche dans quelques salles obscures, mais sera aussi disponible sur Netflix le 14 décembre, quelques semaines seulement après sa sortie.
De leur côté, Robert de Niro et Martin Scorsese promettent également une sortie sur grand écran pour The Irishman, leur neuvième film commun, produit par Netflix. Le scénario s’inspire du livre de Charles Brandt I Heard You Paint Houses et met De Niro dans la peau de Frank Sheeran, un dirigeant syndical et tueur à gages lié à la mort de Jimmy Hoffa (un autre dirigeant syndicaliste qui a trempé dans les affaires de mafia, et qui est interprété pour l’occasion par Al Pacino).
À l’occasion du Festival international du film de Marrakech, l’acteur principal a répondu aux nombreuses questions soulevées par cette production Netflix :
“Nous en avons parlé avec Netflix. Ils vont faire une présentation de notre film comme il se doit, au cinéma, dans certains lieux, les meilleures salles qui soient. Ils le montreront d’abord sur grand écran. Nous sommes en train de parler de grandes salles où on voudrait y voir notre film projeté, où il faut qu’il y soit projeté même, mais pour le reste nous n’avons aucune certitude.”
“Le cinéma du passé est fini, les choses changent”
Au cours d’une rencontre avec le public de Marrakech, Scorsese et De Niro ont longuement évoqué les changements dans les modes de consommation, et donc de production, du cinéma. Les deux amis, tous deux septuagénaires, ne s’opposent pas à cette nouvelle mode des plateformes de streaming. Mais tandis que Scorsese admet ne pas savoir “de quoi le futur sera fait”, De Niro souligne la contradiction entre vouloir naturellement montrer un tel film sur grand écran et recevoir de l’argent d’une plateforme de streaming.
Martin Scorsese reste en tout cas reconnaissant à l’égard de la production pour son film, dont le budget dépasse tout de même les 140 millions de dollars, avec de gros moyens alloués par exemple aux effets spéciaux de vieillissement des personnages :
“Netflix a pris des risques là où personne d’autre n’osait, […] dorénavant on peut toujours trouver de l’argent mais les salles de cinéma ferment. […] Ce que nous tournons aujourd’hui pourrait disparaître demain, c’est une seconde révolution technologique.”
Ce qui est sûr, c’est que Netflix joue désormais dans la cour des grands et que son approche inédite pourrait ébranler le système traditionnel des financements des films hollywoodiens. Pour ce qui est de The Irishman, il faudra en tout cas patienter jusqu’à juin 2019 (au moins) pour le voir sur nos grands et petits écrans.