Suppression du droit du sol, sortie de l’euro… : les principaux points du programme de Marine Le Pen

Suppression du droit du sol, sortie de l’euro… : les principaux points du programme de Marine Le Pen

Marine Le Pen et son équipe n’ont pas souhaité parler de leur projet présidentiel sur Konbini. Faute de pouvoir discuter avec la candidate du Front national, nous avons donc décidé de recenser les principaux points de son programme.

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À dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen serait, si l’on en croit les sondages, présente à coup sûr au second round du scrutin. Alors que certains se rappelaient récemment qu’elle était la fille de son père, après ses propos sur ce qu’elle dit être une “non-responsabilité” de la France dans la rafle du Vél d’Hiv, nous nous sommes plongés dans son programme, ses  “144 engagements présidentiels. En voici les mesures phares.

Immigration

  • Suppression du droit du sol

Depuis 2012 et sa première candidature à une élection présidentielle, la candidate du Front national ne s’en est pas cachée : si elle est élue, elle supprimera le “droit du sol”, ce principe qui donne la nationalité française aux enfants nés sur le sol français, de deux parents étrangers. Pour bénéficier de cette tradition, les candidats au “droit au sol” doivent être majeurs et avoir vécu au moins cinq ans en France depuis l’âge de 11 ans.

Lors d’une interview accordée le 3 janvier à la radio RMC, alors qu’un auditeur la questionnait sur le vote des étrangers, Marine Le Pen rappelait la “philosophie” de son projet sur la suppression du droit du sol : “La nationalité française s’hérite ou se mérite […]. Je compte relever le niveau d’exigence des critères pour [acquérir la nationalité française]”. Pour Marine Le Pen, seul le droit du sang (qui coexiste déjà actuellement avec le droit du sol) devra s’appliquer en France si elle est élue. Le droit du sang implique qu’un enfant né d’au moins un parent français possède automatiquement la nationalité française par filiation.

  • Fin de la binationalité extra-européenne

Le 9 février dernier, sur le plateau de L’Émission politique, Marine Le Pen déclarait ne pas être en faveur de la double nationalité extra-européenne.

“Moi, je suis contre la double nationalité extra-européenne. Voilà. Je leur demande de choisir leur nationalité, ça ne veut pas dire d’ailleurs que, s’ils ne choisissent pas la nationalité française, ils devront partir de France.”

Selon Le Monde, les Français vivant en France avec une double nationalité seraient environ 3,3 millions. Et pour Marine Le Pen, seuls ceux issus du continent européen pourront conserver leur double nationalité si elle accédait au pouvoir. Les autres devront choisir entre leurs deux pays.

  • Suppression de l’aide médicale d’État (AME) destinée aux clandestins

L’aide médicale d’État (AME) est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier gratuitement d’un accès aux soins minimal, à conditions qu’ils soient en France depuis au moins trois mois et que leurs revenus ne dépassent pas un certain plafond. En 2015, les dépenses de l’AME étaient de 814 millions d’euros selon Le Monde.

Marine Le Pen souhaite donc que cette aide soit tout bonnement supprimée. Et pour les étrangers résidant légalement en France, la candidate FN déclare qu’ils devront payer pour leurs soins médicaux (gratuits) et le système éducatif (gratuit) dont bénéficient leurs enfants, pendant un ou deux ans : “[ils] pourraient se voir appliquer un délai de carence avant d’avoir accès gratuitement au système de protection sociale, à l’éducation. Ils devraient pendant une durée d’un an ou de deux ans devoir payer leurs soins et leur scolarisation.”

Institutions européennes

  • Sortie de l’euro

Si Marine Le Pen est élue, elle dit vouloir “restituer au peuple français sa souveraineté (monétaire, législative, territoriale, économique)”. D’un point de vue monétaire, cela passerait donc par un retour à une “monnaie nationale” pour les Français, et une autre monnaie (l’écu) pour les entreprises. C’est ce qu’elle l’expliquait sur Europe 1 le 25 janvier dernier :

“Il y a aura une monnaie pour les Français, la monnaie nationale […]. En revanche, il est possible d’envisager pour les entreprises, ce qui a existé par le passé, qui était l’écu, une monnaie commune. C’est un peu compliqué, ça ne touche pas les 60 millions de Français, ça touche exclusivement les États ou les grandes entreprises.”

  • Sortie de l’Union européenne

La candidate d’extrême droite a confirmé sa volonté de sortir de l’Union européenne, dans le cadre d’un “Frexit”, en référence au “Brexit” voté par référendum au Royaume-Uni en juin dernier. Si elle est élue, Marine Le Pen souhaite organiser un référendum de ce type en France.“Il est temps d’en finir avec l’Union européenne, a ainsi déclaré Marine Le Pen. L’Union diminue la France, elle la sépare du monde. Je ne me résous pas à voir la France diminuée, dépendante, séparée.”

Pourtant, selon l’éditorialiste d’Europe 1 et directeur adjoint du Figaro Yves Thréard, la volonté de Marine Le Pen de sortir de l’UE est en fait son “talon d’Achille” : “Marine Le Pen en sortirait perdante, sans avoir pu mettre en œuvre l’essentiel de son programme”, affirme-t-il.

Éducation

  • Développement massif de l’alternance

Dans son programme, Marine Le Pen indique vouloir “développer massivement l’alternance (contrat d’apprentissage, contrat de professionnalisation) dans l’artisanat, le secteur public et privé, et rendre la formation professionnelle plus efficace, moins opaque et moins coûteuse”, si elle décroche son billet pour l’Élysée. Les élèves pourront également commencer l’apprentissage dès 14 ans, au lieu de 16 ans aujourd’hui.

  • Rétablissement du service militaire

Marine Le Pen veut remettre progressivement en place un service militaire obligatoire, d’une durée minimum de trois mois, pour tous les jeunes Français majeurs (soit près de 50 000 jeunes par mois selon L’Express). Ce service militaire serait indemnisé. La candidate d’extrême droite a détaillé cette mesure : si elle est élue, au cours du premier mois de ce service, les jeunes auraient droit à une “formation militaire citoyenne théorique et pratique”. 

Puis :

“Au cours des deux mois suivants, les jeunes seront affectés dans une garde nationale, soit au sein d’une unité départementale, soit au sein d’organismes locaux de sécurité civile, comme les pompiers ou de sécurité intérieure, comme la police municipale et nationale […]. [Ils] seront nourris, logés, habillés, soignés, blanchis et transportés au frais de l’État”. Et il recevront une “indemnité journalière analogue à celle consentie pour le service civique aujourd’hui, soit 573 euros nets par mois”.

  • Instauration du port de l’uniforme à l’école

Tout est dit.

  • Promotion d’un roman national

Comme le candidat Les Républicains François Fillon, Marine Le Pen montre avec l’engagement n° 97 de son programme, sa volonté de “renforcer l’unité de la nation par la promotion du roman national et le refus des repentances d’État qui divisent”. C’est ce qu’elle a déjà un peu fait avec ses déclarations polémiques sur ce qu’elle considère être une absence de responsabilité de la France dans la rafle du Vél d’Hiv de juillet 1942. Mais comment la candidate souhaite-t-elle concrétiser la promotion de ce roman national ? Par une modification des manuels d’histoire ? Aucune précision n’est donnée sur ce point dans le programme de la candidate.

Laïcité

  • “Extension de la laïcité à l’ensemble de l’espace public”

“Rétablir la laïcité partout, l’étendre à l’ensemble de l’espace public et l’inscrire dans le Code du travail”. Il s’agit là du 95e engagement présidentiel de Marine Le Pen. Pour ce faire, la candidate d’extrême droite voudrait notamment interdire le port de “grande croix”, de la kippa et du voile dans l’espace public.

“Nous allons étendre la loi de 2004 qui s’est appliquée à l’école, qui a fait l’objet à l’époque de beaucoup de débats. On s’est rendu compte qu’elle était excellente, elle a quand même apaisé les tensions à l’école. Nous allons la faire appliquer dans l’ensemble de l’espace public”, expliquait le vice-président du FN, Florian Philippot, au micro de BFMTV en aout 2016, en plein débat sur le burkini.

“Les personnels religieux”
“les événements traditionnels”
dans l’intégralité de l’interview
à l’entrée de tous les bâtiments des collectivités françaises
qui a donné lieu à un clash mémorable

Économie et emploi

  • Pas d’augmentation du Smic

Bien que cela ne se trouve pas dans son programme présidentielle, Marine Le Pen a plusieurs fois exprimé dans les médias sa volonté de maintenir le salaire minimum à son niveau actuel si elle était élue est à la tête de l’État.

“Cela entraîne[rait] une charge supplémentaire pour les entreprises, qui sont déjà dans une très grande fragilité dans notre pays”, a indiqué la candidate du Front national.

  • Instauration d’une prime de pouvoir d’achat

Marine Le Pen souhaite instaurer une prime de pouvoir d’achat (PPA) de 80 euros par mois en moyenne, pour les bas revenus (“jusqu’à 1 500 euros pas mois”) et les petites retraites. Cette prime serait financée par une contribution sociale sur les importations de 3 %, évaluée à 15 milliards d’euros par la candidate.

  • Création d’un dispositif “premier emploi”

La candidate frontiste a pour objectif de créer un dispositif dit “Premier emploi” qui “exonére[rait]  totalement de charges la première embauche d’un jeune de moins de 21 ans par une entreprise et ce pour un délai maximum de deux ans”.

Sécurité

  • Un réarmement “massif” des forces de l’ordre

Marine Le Pen a pour ambition de recruter davantage de policiers et gendarmes (15 000) et de moderniser les équipements des commissariats et des casernes. Comment ? Le 13e engagement de son programme ne le précise pas. En supprimant l’aide médicale d’État (AME) réservée aux clandestins peut-être (lire plus haut) ?

La candidate frontiste entend aussi aider “moralement et juridiquement [les forces de l’ordre] notamment par la présomption de légitime défense”. Ce point, elle l’a déjà prouvé lors de “l’affaire Théo”. Souvenez-vous : en février dernier, Théo Luhaka, 22 ans, aurait été violé par un policier dans le cadre d’un contrôle d’identité à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Une information judiciaire a été ouverte à l’encontre des quatre policiers ayant contrôlé Théo Luhaka pour violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique. L’un d’entre eux est accusé de viol. Tout semble donc indiquer que Théo Luhaka a été victime d’une bavure policière ce jour-là. Mais, alors que la France entière s’émouvait des violences subies par le jeune homme, Marine Le Pen refusait elle de condamner ces violences présumées.

“Il y a une information en cours. Je crois que la justice est saisie. Mon principe, c’est d’abord [que] je soutiens les forces de police. Voilà. Et de gendarmerie. Sauf démonstration par la justice qu’ils ont commis un délit ou un crime”, déclarait-elle alors sur LCI.

  • Des places supplémentaires en prison

Marine Le Pen souhaite créer 40 000 places supplémentaires de prison en cinq ans.

 Société

  • Remplacement du mariage pour tous par un Pacs amélioré

“Je pense qu’il faut qu’il y ait une union civile, c’est-à-dire une amélioration du Pacs. Je suis contre le mariage [pour tous] parce que je souhaite que la filiation reste le fait d’un papa et d’une maman”, expliquait Marine Le Pen lors de son passage à L’Émission politique le 9 février dernier. Exit donc la loi Taubira sur le mariage pour tous.

Institutions

  • Collectivités : passer de six à trois niveaux d’administration

Dans le cadre d’une réforme des collectivités, Marine Le Pen voudrait qu’il n’existe administrativement plus que les communes, les départements et l’État (engagement n° 6 de son projet présidentiel). Selon le programme de la candidate, ce serait “un gage de simplification, de proximité et d’économies (notamment sur les indemnités d’élus et les frais de fonctionnement)”. Pourtant, quand le 28 février dernier le journaliste Patrick Cohen (France Inter) demandait au directeur de campagne de Marine Le Pen, David Rachline, si ces “économies” s’accompagneraient de suppressions de postes chez les fonctionnaires, ce dernier semblait ne pas vouloir répondre. Ou ne pas connaître la réponse.

À lire -> Peut-on qualifier Marine Le Pen de “fasciste”? Oui, répond la Cour de cassation en relaxant Mélenchon

Article publié le 15 avril, mis à jour le 25 avril 2017