On aurait pu penser que l’interdiction de la vente et de la consommation d’animaux sauvages décidée par Pékin pour enrayer l’épidémie du nouveau coronavirus aurait mis fin au trafic du pangolin, ce fourmilier écailleux africain en voie d’extinction, susceptible selon certains scientifiques d’avoir servi de vecteur dans la transmission du Covid-19. Que nenni ! répond Sébastien Le Belzic, le correspondant en Chine du mag Monde Afrique : ce serait mal connaître l’empire du Milieu, nous explique-t-il.
À voir aussi sur Konbini
En ragoût, en chips et autour du cou
Non seulement, les Chinois raffolent de la viande de ce petit animal qu’ils cuisinent en ragoût, raconte le journaliste, mais surtout ils sont gaga de ses écailles (en bouillon, en chips ou en poudre) pour les prétendues propriétés qu’elles auraient : aphrodisiaques pour ces messieurs, stimulantes pour les montées de lait de ces dames après l’accouchement, carrément porte-bonheur autour du cou de tout à chacun.
Et les superstitions chez les Chinois, on le sait, c’est sacré même si leur santé est en jeu (en 2003 déjà, le gouvernement chinois avait interdit le commerce, en vain, de la civette responsable de l’épidémie de Sras), même si leurs croyances contribuent à décimer la faune (la poudre de rhinocéros et d’aileron de requin ou encore la bile d’ours noir continuent d’être commercialisées sur les étals ou à la sauvette).
Aucune raison donc qu’ils changent leurs habitudes avec le pangolin, l’animal le plus braconné au monde : entre 500 000 et 2,7 millions sont capturés chaque année dans les forêts africaines pour terminer en Asie. Bien que son trafic soit prohibé depuis 2017 en Chine, on continue de le trouver facilement sur les marchés, à 2 000 euros la bête, à un euro le gramme de chips d’écailles.
Un commerce lucratif pour les braconniers et les revendeurs que ni le coronavirus, ni la protection d’espèces protégées n’endigueront tant que des Chinois les voudront dans leur assiette.