Pour encourager l’agriculture bio, le gouvernement mise 1,1 milliard d’euros sur 5 ans

Pour encourager l’agriculture bio, le gouvernement mise 1,1 milliard d’euros sur 5 ans

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(C) Pixabay

L’annonce du gouvernement de miser sur le bio réjouit les agriculteurs, mais laisse les ONG sur leur faim.

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“Il faut mettre le paquet” : le gouvernement va engager 1,1 milliard d’euros de crédits vers les agriculteurs qui font le pari du bio, pour répondre à l’explosion de la demande.

Cette enveloppe qui représente, selon le cabinet du ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, une augmentation de 62 % par rapport au précédent plan de soutien à la production bio, doit permettre de faire passer de 6,5 à 15 % les terres cultivées en bio d’ici à la fin du quinquennat, selon un document que l’Agence France Presse a pu consulter. Le cabinet du ministre précise :

“Si on veut atteindre 15 % de surface agricole utile en production bio en 2022 et si l’on veut être capable de structurer une offre qui réponde à notre objectif d’avoir 20 % de produits bio en restauration collective publique en 2022 (50 % en comptant les produits locaux ou sous signe de qualité), il faut mettre le paquet sur l’accélération de la conversion, parce que c’est décisif dans la structuration de l’offre aujourd’hui.”

Le gouvernement craint de voir une explosion de la demande en produits bio qui submergerait l’offre française et entraînerait l’importation à moindre coût de produits bio de l’étranger face auxquels les producteurs français ne seraient pas compétitifs, les forçant à mettre la clé sous la porte de leur exploitation. Actuellement, selon l’Agence bio, la France importe près de 30 % des produits bio qu’elle consomme. Il s’agit donc d’un choix assumé de favoriser la conversion plutôt que l’aide au maintien.

Cette enveloppe de 1,1 milliard de financements publics exclusivement consacrés à la conversion, se composerait de 630 millions d’euros d’aides européennes, les fonds Feader (fonds européen agricole pour le développement rural), de 200 millions de cofinancement de l’État, complétés d’autres financements publics, en provenance principalement des agences de l’eau.

La concertation autour du plan bio doit démarrer mi-avril, pour une présentation lors de la première quinzaine de juin. “C’est à peu près les besoins qu’on avait estimés pour le 15 % de bio, ça confirmerait qu’il y a bien le budget pour l’ambition”, s’est réjouie auprès de l’AFP Stéphanie Pageot, présidente de la fédération nationale des agriculteurs biologiques.

Les ONG dénoncent l’abandon de l’aide au maintien

Elle a en revanche déploré que “la suppression de l’aide au maintien” pour les agriculteurs dont la conversion est achevée “reste d’actualité”: “2,5 milliards d’euros sont encore dépensés chaque année pour soutenir des pratiques agricoles qui font peser sur la collectivité leurs coûts sanitaire, économique et environnemental”.

En septembre, l’État, arguant d’une “impasse budgétaire”, avait annoncé la suppression de sa participation à l’aide au maintien des agriculteurs bio, versée par les régions après les trois premières années de “conversion” au bio, pour les aider à soutenir leur exploitation.

“Nous déplorons que l’État et l’Europe se désengagent du maintien à l’agriculture bio. C’est l’une des seules voies d’amélioration et aujourd’hui de rémunération des services environnementaux rendus par l’agriculture”, déplorait Carmen Etcheverry, chargée de mission agriculture pour France Nature Environnement, jointe par l’AFP.

“On se réjouit que l’État honore sa parole et budgéte suffisamment pour pouvoir payer les conversions des agriculteurs”, a réagi Mathilde Théry, responsable agriculture et alimentation pour la Fondation pour la nature et l’homme. “Mais ce ne sera pas forcément assez incitatif”, a-t-elle estimé, regrettant que l’État ne finance plus l’aide au maintien.

Le cabinet de M. Travert estime pour sa part que le surplus de demande par rapport à l’offre suffira à assurer la pérennité des exploitations converties au bio et que le levier de la restauration collective publique donnera “de la visibilité aux producteurs”.

Konbini avec AFP