À Portland, un groupe de sorcières activistes lutte pour les droits des femmes

À Portland, un groupe de sorcières activistes lutte pour les droits des femmes

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Par Naomi Clément

Publié le

Fondé en novembre 2016, le W.I.T.C.H. PDX ravive la flamme du Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell : un groupe féministe créé dans les années 1960 aux États-Unis, et incarné par des femmes aux allures de sorcières.

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Parce qu’elles incarnent une forme de puissance au féminin, les “sorcières” ont longtemps été opprimées en Europe et aux États-Unis, où elles ont plus d’une fois fait l’objet de véritables persécutions aux XVIe et XVIIe siècles. Ces chasses aux sorcières, qui visaient à incriminer des femmes opportunément accusées de pratiquer la magie noire, ont parfois donné lieu à de lourdes condamnations : en 1692 dans le Massachusetts, le procès des sorcières de Salem entraîna l’exécution d’une vingtaine de personnes.

Condamnées par des sociétés chrétiennes et puritaines, ces figures mystiques et féminines, représentées par un chapeau pointu et une longue robe noirs, ont été reprises en 1968 par le Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell (soit le W.I.T.C.H., sorcière en anglais) : un groupe de féministes socialistes new-yorkaises qui ont activement lutté au sein du mouvement de libération des femmes dans les années 1960 aux États-Unis. Leur modus operandi ? “Perturber l’ordre public en criant et chantant, vêtues de vêtements noirs, le visage peint en blanc, en ‘jetant des sortilèges’ aux passants”, décrivait le site Dangerous Mind en 2015.

“La nouvelle génération de W.I.T.C.H.”

Un demi-siècle après son émergence, le Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell, qui n’est resté actif que deux ans, renaît aujourd’hui de ses cendres à travers le W.I.T.C.H. PDX : un nouveau mouvement féministe et anonyme créé en novembre 2016 à Portland (Oregon) qui se proclame comme “la nouvelle génération de W.I.T.C.H.”.

“Des siècles durant, la culture dominante a persécuté tous ceux qui ont osé être différents : les guérisseurs, les sages-femmes, les queers, les solitaires, les vieux sages, les païens, les étrangers, les femmes sauvages, explique l’organisation dans son manifeste. Les dissidents menacent le statu quo, particulièrement lorsqu’ils sont enveloppés dans une apparence inhabituelle, comme celle du mystique et sacré féminin. Ceux qui cherchent à nous oppresser nous ont toujours appelées ‘sorcières’ pour nous réduire au silence. Aujourd’hui, nous sortons de l’ombre, nous embrassons ce monde et tout ce qu’il a à défendre.” Et de poursuivre :

“Nous ravivons l’esprit et les intentions de l’organisation des années 1960 dont nous portons le nom. Nous souhaitons utiliser notre pouvoir pour briser l’injustice sous toutes ses formes, et aider à démanteler le système patriarcal de suprématie blanche qui la perpétue. La nouvelle génération de W.I.T.C.H. transforme notre rage collective, notre joie, notre peine, notre puissance, notre détermination et notre férocité en une force pour le changement.”

A clip from our full moon invocation and banishment ritual in December

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Des sorcières de par le monde ?

Depuis sa création il y a trois mois, le W.I.T.C.H. PDX a organisé et participé à de nombreuses manifestations à Portland, dont la Women’s March du 21 janvier dernier, qui s’est exportée à travers de nombreuses villes du monde. Enveloppées dans l’attirail de la parfaite sorcière, comme en témoigne leur compte Instagram, ces activistes prennent régulièrement d’assaut les rues pour dénoncer les injustices sociales et économiques dont restent victimes les femmes, tout en apportant leur soutien à d’autres groupes activistes comme les Riot Grrrl ou le mouvement Black Lives Matter.

“Outre les idéaux originaux de W.I.T.C.H., nous prenons également part à d’autres combats dans notre région, dont ceux des Riot Grrrl ou du mouvement Black Lives Matter, précise l’organisation sur son site. L’histoire de notre ville [Portland, ndlr] est marquée par la marginalisation des personnes de couleur, et l’Oregon dans son ensemble a un passé raciste très violent, et une large population de suprémacistes blancs. Il y a énormément de choses à changer ici. Nous espérons avoir un impact sur notre communauté, et inspirer les gens à faire de même, peu importe l’endroit où ils vivent.”

Sur leur site, les membres du W.I.T.C.H. PDX appellent d’ailleurs ceux qui le souhaitent à rejoindre leurs rangs, à condition de remplir quelques conditions bien précises, parmi lesquelles l’anonymat et l’intersectionnalité. À Berlin, leur combat a déjà commencé.

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