Le gouvernement israélien retire les portiques de sécurité de l’esplanade des Mosquées

Le gouvernement israélien retire les portiques de sécurité de l’esplanade des Mosquées

Le gouvernement israélien a fait retirer les portiques de la discorde, mais la situation reste on ne peut plus tendue.

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Dix jours après l’assassinat de deux policiers israéliens sur l’esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs), la fermeture du lieu saint pendant 48 heures et l’installation de portiques de sécurité, le gouvernement de Benyamin Netanyahou a annoncé aujourd’hui le retrait des détecteurs de métaux. Installé le 16 juillet, le dispositif avait attisé la colère des musulmans qui y ont vu une volonté de leur interdire l’accès au troisième lieu saint de l’islam. En retirant les portiques, le gouvernement israélien compte apaiser la situation : ces derniers jours, des heurts meurtriers ont éclaté aux abords de l’esplanade, faisant plusieurs morts et des centaines de blessés côté palestinien, tandis que trois Israéliens avaient été tués samedi 22 juillet en Cisjordanie

L’esplanade cristallise toutes les tensions et le gouvernement israélien refuse de la laisser sans surveillance. C’est pourquoi le cabinet de sécurité de l’État hébreu a annoncé la mise en place de nouveaux dispositifs “reposant sur des technologies avancées”, sans en préciser la nature. D’après le journal Le Monde, il s’agirait de caméras ultra-sophistiquées, avec reconnaissance faciale et capteurs thermiques. Côté musulman, on craint que cela ne dévoile la nudité des femmes…

Si les nouvelles mesures permettent de calmer l’incendie dans l’immédiat, il y a peu de chances pour qu’un retour au calme complet s’opère. Car la vieille ville de Jérusalem est un concentré explosif de lieux saints appartenant aux religions chrétienne, juive et musulmane, dont les fidèles revendiquent les mêmes territoires.

Deux religions pour un même espace

Ainsi l’esplanade des Mosquées se situe là où se dressait auparavant le Temple de Jérusalem, construit au Xe siècle av. J.-C. par le roi Salomon pour abriter l’arche d’alliance, reconstruit par Hérode après sa destruction en 587 par le roi de Babylone av. J.-C. et anéanti par les Romains en 70. Certains aimeraient aujourd’hui le voir reconstruit : “À cet endroit, il y avait le saint des saints. Le centre spirituel où il y a le plus de sainteté se trouve ici, déclare un juif orthodoxe à Arte, un jour ici il y aura quelque chose de reconstruit par le peuple juif.” Adjacent à l’esplanade, on trouve le mur des Lamentations, dernier vestige du Temple et haut lieu de pèlerinage juif.

Mais l’esplanade des Mosquées est aussi le troisième lieu saint de l’islam sunnite après La Mecque et Médine : elle abrite la mosquée al-Aqsa et le dôme du Rocher, où il est dit que Mahomet a achevé son voyage depuis La Mecque. Dans un Jérusalem-Est où la colonisation israélienne bat son plein, l’esplanade est vue par les musulmans comme l’un de leurs derniers bastions religieux. “Je refuse de passer par ces portiques. Al-Aqsa n’est pas aux juifs, al-Aqsa est à nous”, s’alarmait une femme palestinienne auprès de Chloé Demoulin, correspondante de Mediapart.

Sur fond d’extrêmes tensions communautaires, d’attaques aux couteaux et de morts dans les deux camps, le partage de cet espace pose évidemment problème. Les juifs sont autorisés à le visiter sous haute protection (une dizaine de policiers en armes pour un petit groupe de touristes), mais ont l’interdiction formelle d’y prier, conformément à un statu quo décrété après la guerre des Six Jours, en 1967. Les musulmans y ont en théorie accès sans restrictions, sauf quand le gouvernement israélien en décide autrement, par mesure de sécurité. Avec l’installation des “portiques de la discorde”, l’accès à l’esplanade avait également été interdit à tous les jeunes de moins de 50 ans.