Dis-moi quel genre de porno tu aimes, je te dirai quel est ton fantasme

Dis-moi quel genre de porno tu aimes, je te dirai quel est ton fantasme

Les lesbiennes, les belles-sœurs, les adolescentes et les dessins animés font partie des catégories de porno – et donc des fantasmes sexuels – les plus populaires selon Pornhub. 

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Maintenant qu’une semaine s’est écoulée depuis le début de l’année 2016, on peut considérer 2015 comme du passé et disséquer ces douze derniers mois pour évaluer notre degré de perversion.

Mercredi, Pornhub, le plus gros site de pornographie au monde, a sorti son rapport annuel, la “Year in Review” de l’année 2015. Celui-ci fournit une évaluation statistique minutieuse des préférences sexuelles des consommateurs de porno.

Comme nous savons que vous mourez d’envie de découvrir à quel point notre société est dépravée, nous avons demandé quelques explications à Cindy Gallop, militante pro-sexe et fondatrice du site Makelovenotporn.com (traduisez “faites l’amour, pas du porno”). C’est parti : voici donc les recherches les plus populaires sur Pornhub ces douze derniers mois.

2015 porn search results show how sick we all are
(© Pornhub)

En 2015, le terme “lesbienne” est à la mode

Non seulement “lesbienne” est le terme le plus recherché sur Pornhub, mais c’est aussi la catégorie qui enregistre le plus de visiteurs. L’attirance des hommes hétérosexuels pour le porno lesbien n’est pas une nouveauté et a été longuement étudiée. Cette analyse montre juste que les rapports entre femmes arrivent en tête des préférences.

Cindy Gallop l’explique ainsi :

“Le porno est un outil constructif qui permet d’explorer sa sexualité… et un outil très rassurant si votre sexualité n’est pas acceptée par la société dans de nombreux endroits du monde, comme c’est le cas pour les personnes LGBT.

Si vous êtes lesbienne, vous ne voyez pas de personnes comme vous, ou de relations comme les vôtres, représentées dans la culture populaire en règle générale. Le porno est le seul monde qui reflète votre sexualité, où vous pouvez l’apprécier et où vous trouverez beaucoup, beaucoup de personnes comme vous.”

Cependant, il est important de souligner que les lesbiennes ne sont pas aussi excitées par le porno lesbien que les hétérosexuels. Beaucoup trouvent qu’il n’est ni réaliste ni exaltant, qu’il répond aux besoins des hommes, même s’il ne met pas en scène d’orgasme masculin. Bien sûr, cette impression s’applique à tout type de porno… Pensez-en ce que vous voulez, mais la pornographie ne donne jamais une image très réaliste des rapports sexuels.

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à mater du porno…

… et elles sont plus attirées par le porno féminin que par les autres catégories. “L’amour entre femmes est aussi le type de contenu le plus populaire auprès du public féminin et le nombre de visiteuses a augmenté l’année dernière”, détaille Pornhub.

La complexité de la sexualité féminine a été analysée de long en large l’année dernière. Une vaste (et critiquée) étude menée par l’université d’Essex (Angleterre)  indique que “les femmes sont soit bisexuelles soit lesbiennes, mais jamais hétérosexuelles.”

Cette étude révèle aussi que, indépendamment de leur sexualité, les femmes sont excitées à la fois par les rapports hétérosexuels et homosexuels. C’est un fait : la sexualité féminine ne peut être réduite à notre approche hétéronormative.

Cindy Gallop affirme que “bien plus de femmes regardent du porno qu’elles ne l’avouent dans les études. Malheureusement, elles doivent souvent se contenter du porno pour hommes, fait par des hommes, car le porno réalisé pour les femmes est rare”. Le tabou autour de la pornographie n’aide pas et les femmes ont souvent du mal à trouver des vidéos qui correspondent à leurs fantasmes en dehors de sites comme Pornhub. “Il n’existe pas un Yelp du porno”, comme le dit si bien Cindy Gallop.

2015 porn search results show how sick we are
(© Pornhub)

Tout le monde veut coucher avec votre mère

Pour les amateurs de porno un peu partout dans le monde, ce fut l’année de l’amour maternel… aussi peu conventionnel qu’il soit. Dans le cadre de la famille, “la belle-mère et le gendre” est la recherche la plus populaire : elle arrive en quinzième position selon Pornhub, faisant un bond de 71 places par rapport à l’année précédente. Bien sûr, les sujets tabous sont toujours bien placés dans les classements, juste parce qu’ils sont tabous.

Autre résultat troublant : trois des six premières préférences sont liées à la mère. Les termes “belle-mère”, “MILF” (qui signifie “Mother I Would Like to Fuck”, une mère de famille tout à fait désirable, pour être polie) et “maman” se placent respectivement en troisième, cinquième et sixième positions. Et, dans cette lignée, “belle-sœur” arrive juste après. Sexe Intentions ne fait que refléter les fantasmes de la vie réelle.

2015 porn search results shows how sick we are
“Tout le monde le fait, c’est juste que personne n’en parle.” (via GIPHY)

La popularité des “adolescentes” prouve que quelque chose cloche chez nous

Si vous allez sur n’importe quel site de porno, vous aurez l’embarras du choix. Mais une catégorie a toujours fait fureur : les adolescentes à peine majeures.

Toutefois, la fascination pour les très jeunes femmes précède Internet. Playboy, par exemple, a commencé ses fameuses séries sur les étudiantes dans les années 1970. L’extraordinaire popularité du genre « à peine légal » soulève évidemment la question suivante : pourquoi tant d’hommes hétérosexuels et adultes sont-ils excités par des femmes qui ont tout juste, ou pas encore, l’âge du consentement ? Quelles que soient les raisons derrière cette fascination troublante, il est intéressant de noter que l’érotisation des adolescents, tout particulèrement des filles, est désormais courante dans le monde de la mode, de la publicité et de culture populaire.

Si ce fétichisme n’avait pas d’impact sur la société, ce ne serait pas un problème. Mais la vérité, c’est que l’âge n’est pas juste un nombre. L’American Psychological Association, entre autres, a prouvé que la représentation des filles et des jeunes femmes, considérées comme des objets sexuels, avait un impact néfaste sur leur santé mentale et physique. Et cette vision de la femme cause également du tort aux garçons, qui s’habituent à des pratiques sexuelles violentes.

Donc, tant que cette catégorie sera populaire, tout le monde en paiera les frais.

"Lolita", de Stanley Kubrick, 1962
“Lolita”, de Stanley Kubrick, 1962 (Photo: MGM)

Les Britanniques aiment les Indiens et les cas soc’

La recherche “cas soc’ britanniques” a gagné 23 places dans le classement, se plaçant à la neuvième position parmi les catégories les plus populaires au Royaume-Uni, ce qui correspond à une augmentation de 312 % par rapport à l’année précédente. La recherche “Indiens” arrive en troisième position : la fascination pour les Indiens ne s’arrête donc pas au curry de l’autre côté de la Manche. Une étude de la Royal Holloway University montre que les personnes sont attirées et font confiance aux personnes qui leur ressemblent. Ce n’est donc pas surprenant que dans ce pays où la communauté indienne est importante, cette recherche soit populaire.

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(Image: Pornhub)

Les adultes regardent encore des dessins animés, mais pas ceux des enfants

Pornhub a répertorié de nouvelles catégories populaires cette année, comme “babysitter” qui arrive en douzième position et “dessin animé” qui occupe la vingtième place. Différent du hentai, version érotique du manga et des dessins animés japonais, le “cartoon” est devenu le nouveau dada du porno en 2015. Une manière désespérée de se raccrocher à notre enfance peut-être ?

Les “belles grosses femmes” de Drake

L’évolution la plus réjouissante concerne la catégorie des “géantes”, des femmes fortes qui ont des rapports sexuels avec des partenaires particulières menus et petits. Les recherches ont augmenté de 1 091 % en 2015.

Dans les pays anglophones, Drake a popularisé le terme “BBW”, ce qui signifie, comme l’indique l’Urban Dictionary, “big beautiful woman” – traduisez de “belles grosses femmes”. Le terme “BBW” était utilisé dans l’industrie du porno avant que Drake ne se l’approprie et il montre bien que les femmes fortes sont elles aussi les objets de désirs sexuels. Si certaines femmes assument complètement ce terme, d’autres le rejettent car il est encore énormément lié à cette industrie. Cependant, il est intéressant de noter que tout type de corps est une source d’excitation.

“Elle dit que je suis obsédé par les femmes volumineuses et je suis d’accord” (via Tumblr).

Bien sûr, le monde entier ne va pas sur pornhub.com. En réalité, 2015 a montré que les amateurs de porno utilisent des sources de plus en plus variées, comme Tumblr ou Twitter, et leurs préférences n’apparaissent donc pas dans ce rapport.

Malgré ses défauts, cette analyse donne probablement déjà un aperçu des habitudes pornographiques de l’année 2016. Mais Cindy Gallop souligne que “le porno est comme n’importe quel autre domaine de l’industrie du divertissement : la majorité des gens regardent ce qu’on leur présente.”

“Le jour où nous aurons une industrie du porno dirigée, gérée et pensée par autant de femmes que d’hommes, alors l’industrie du porno sera complètement différente : plus innovante, plus créative, plus dérangeante, plus lucrative, et ce sera globalement une industrie meilleure et plus saine.”

Notre interlocutrice ajoute que le marché veut ce qu’on lui donne car on ne lui propose pas d’autre choix. Et on lui fournit un produit qui est soumis au syndrome de la “compétition collaborative”, où tout le monde est en compétition avec tout le monde, en faisant la même chose que tout le monde. “Personne ne voulait un iPhone avant que Steve Jobs ne l’invente”, conclut Cindy Gallop.

Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois