Le statut officieux de plus gros vendeur du rap game demeure l’objet de toutes les convoitises de la part des artistes. Nombreux sont ceux qui le revendiquent à leur façon, avec plus ou moins d’assurance. Mais dans les faits, qu’en est-il vraiment ? Le journaliste Stéphane Fortems, rédacteur en chef de Le Rap en France, a décidé de rassembler tous les éléments disponibles pour tenter d’y voir un peu plus clair.
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Pour cela, il lui a fallu récolter des données de la RIAA (Recording Industry Association of America), de Nielsen Soundscan (source des ventes de Billboard), des articles de presse et de Wikipédia. Un travail de récolte minutieux et colossal, qui lui a permis d’établir un graphique avec l’évolution de ce classement au cours des années, avec quelques approximations en raison de l’inaccessibilité de certains chiffres, comme le reconnaît le journaliste lui-même. À noter par ailleurs que seuls les albums ont été pris en compte, écartant ainsi les ventes de single, les live ainsi que les best-of.
Il y a forcément des erreurs et des approximations mais j'ai utilisé les chiffres de la RIAA, Soundscan, les articles de presse et Wikipédia. Pour l'animation, c'est toujours le superbe site Flourish qui a l'avantage d'être gratuit.
— Stéphane Fortems (@StephFortems) 14 avril 2019
Pour les États-Unis, cela donne le résultat suivant :
On repart pour un tour avec les ventes du rap US depuis 1987. Ici, on ne prend en compte que les albums (même posthumes pour qui vous savez) pour des raisons de clarté. pic.twitter.com/saGGJFDBUf
— Stéphane Fortems (@StephFortems) 14 avril 2019
On constate ainsi que les Beastie Boys étaient en tête – et de très loin – dès 1987, avant de se faire rattraper par MC Hammer quatre ans plus tard. Si le groupe new-yorkais reprend ensuite brièvement l’avantage, le classement est marqué par l’ascension fulgurante dès 1995 de deux légendes du rap outre-Atlantique : 2Pac et The Notorious B.I.G. Même si le premier cité prendra l’avantage grâce notamment au succès de ses nombreux albums posthumes.
Puis arrive l’éclosion sensationnelle d’Eminem à l’aube des années 2000, qui va s’imposer au fur à mesure, au point de prendre la tête du classement, et de ne plus jamais la quitter. Et ce malgré les très bons chiffres de Jay Z, Snoop Dogg, Nelly ou encore OutKast. On remarque d’ailleurs que le classement évolue peu après les années 2010, en partie à cause de l’arrivée du streaming. Seuls Kanye West et Drake parviennent à se hisser au niveau des meilleurs. Le leader est donc Eminem, avec environ 43 500 000 ventes tout au long de sa carrière.
La semaine dernière, Stéphane Fortems avait déjà effectué un travail similaire avec la scène française, en tenant compte des ventes d’albums et de mixtape :
Bon, c'était pas évident parce que certaines données sont difficiles à trouver mais voici les 15 plus gros vendeurs du rap français depuis l'année 1995. pic.twitter.com/ygCQ5h0ih4
— Stéphane Fortems (@StephFortems) 9 avril 2019
Cette fois, le classement débute en 1995, et Suprême NTM se retrouve largement en tête. Puis arrive la sensation Doc Gynéco avec son mythique album Viens voir le docteur, qui devient le premier rappeur français à dépasser le million de ventes cumulées. Mais il se fait très rapidement larguer par les rappeurs de Marseille IAM ainsi que par l’iconique MC Solaar. Ce dernier s’empare de la première place au début des années 2000, et – à l’image de son homologue américain Eminem – ne la quittera plus.
Le milieu des années 2000 est marqué par l’arrivée en force de rappeurs tels que Rohff, Booba, Sniper, Sinik ou encore Diam’s. Au point de dépasser quelques années plus tard des artistes mythiques tels que la Fonky Family. Puis débarquent les années 2010, durant lesquelles on remarque l’ascension fulgurante de Sexion d’assaut, ainsi que la grosse progression de Booba, qui finit par dépasser son rival de toujours, Rohff. Surfant sur le succès de son collectif, Maître Gims explose en solo au même moment que Soprano.
Véritable OVNI du rap FR, JuL se retrouve sur le podium en l’espace de quelques mois, alors qu’Orelsan, Damso, PNL, Nekfeu et Black M se retrouvent aux portes du top 10. On peut constater qu’en termes de ventes, la scène française s’est bien mieux renouvelée et diversifiée que son homologue américaine après l’arrivée du streaming. On retrouve donc l’indétrônable MC Solaar à la première place — seul rappeur à dépasser les 3 000 000 de ventes pendant toute sa carrière, suivi de près par IAM et JuL, prétendant plus que sérieux dans les années à venir au titre de plus gros vendeur de l’histoire du rap français.