On sait enfin combien de femmes ont été exposées à la Dépakine en France entre 2007 et 2014. Ce médicament est dangereux pour le fœtus.
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La Dépakine est-elle le nouveau Médiator ? Dans son édition du 10 août, le Canard enchaîné a révélé un nouveau scandale sanitaire d’ampleur en France, éclaboussant praticiens, laboratoires pharmaceutiques et jusqu’aux couloirs du ministère de la Santé sur son passage. De nombreux médecins auraient prescrit de la Dépakine à des femmes enceintes entre 2007 et 2014, au mépris du danger.
La molécule active de ce médicament (le valproate de sodium) fait encourir de nombreux risques au fœtus : à la naissance, les bébés qui y ont été exposés présentent des malformations physiques dans 10 % des cas ; par ailleurs 40 % d’entre eux peuvent manifester un retard intellectuel, des difficultés à marcher ou même de l’autisme, après y avoir été exposés in utero.
Ce mercredi 24 août, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est en mesure d’annoncer que 14 322 femmes enceintes ont été “exposées” à la Dépakine entre 2007 et 2014 en France – cela représente environ 2 grossesses pour 1 000 débutées. L’établissement public précise qu’elles ont donné naissance à 8 701 enfants vivants… mais ne dit pas combien d’entre eux subissent des troubles dus à la Dépakine.
Une première retentissante
C’est la première évaluation officielle des victimes du valproate de sodium depuis le scandale soulevé par le Canard enchaîné – et elle confirme l’ampleur des révélations de l’hebdomadaire. En février 2016, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) avançait le chiffre de 450 enfants présentant des malformations congénitales entre 2006 et 2014. D’après l’Igas, c’est bien l’exposition au valproate de sodium qui est coupable. Or l’étude de l’ANSM révèle un bilan davantage préoccupant.
D’après l’AFP, l’étude a été réalisée conjointement par l’ANSM et la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et lancée à la fin 2015. Les victimes du valproate de sodium peuvent se diriger vers l’Apesac, association qui a déjà collecté plus d’un millier de dossiers, dont une vingtaine sont examinés par la justice. Une étude et “un plan d’action” du ministère de la Santé sont attendus, eux, pour début septembre.