Cette année, le Festival international de la créativité a diffusé un court-métrage percutant. Pink & Blue montre avec poésie et efficacité comment les filles, mais aussi les garçons, grandissent dans une société sexiste.
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Cette année, le New Directors’ Showcase du Festival international de la créativité, à Cannes, a été ouvert par le très beau court-métrage Pink & Blue, créé par le réalisateur Jake Dypka et la poétesse Hollie McNish. Les deux Britanniques avaient précédemment réalisé Embarrassed, un autre court qui avait déjà été programmé au New Directors’ Showcase 2016, et dont le sujet était féministe : la stigmatisation des mères allaitant en public. Ils ont décidé d’élargir et d’approfondir leur sujet avec Pink & Blue, un vrai petit bijou qui allie la virtuosité technique à un message nécessaire – le tout avec une poésie percutante.
Une affaire de sexisme et de perspectives
Cette vidéo sépare l’écran et les genres entre le bleu et le rose, pour exposer l’éducation sexiste dispensée aux enfants en fonction de leurs appareils génitaux. Cette différence de traitement et le poids des injonctions sociales sont soulignés par des plans puissants, mélangeant bébés et adultes, le tout rythmé par des slams pour mettre en avant la cruauté du sexisme. Deux histoires sont présentées de façon simultanée, les deux moitiés de l’écran étant habilement superposés dans les rimes d’Hollie McNish. Pour nous démontrer que tout est genré dans nos vies, ce qui nous conditionne à jouer des rôles attribués, soit sous l’étiquette du “féminin”, soit sous celle du “masculin”. Une façon de montrer que tout est une affaire de perspectives, de jugements de valeur superficiels, et d’en souligner toute l’injustice.
“Petit Bleu grimpe sur un arbre : garçon fort
Petite Rose grimpe sur un arbre : garçon manqué […]
Rose découvre le désir : mal
Bleu découvre le désir : bien”
Ce qui fait les femmes et les hommes
Le sang de Bleu est ainsi glorifié dans les films, mais quand Rose commence à saigner tous les mois, on lui dit de le cacher, que c’est honteux. Pour les mêmes comportements, les mêmes manifestations physiques (les poils, la transpiration…), Pink & Blue expose les jugements, les traitements, les différentes interprétations que l’on réserve aux deux genres. Une façon efficace et poétique de dénoncer la séparation artificielle faite en fonction des organes génitaux des bébés à leur naissance.
“On dit à Bleu que c’est ce qui fait un homme
On dit à Rose que c’est ce qui fait une femme
Bébés nés la peau nue
Bienvenue dans le monde”