Au cours du Festival de Cannes, Konbini vous fait part de ses coups de cœur. Aujourd’hui, place à Perdrix, la comédie d’Erwan Le Duc présentée à la Quinzaine des réalisateurs.
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C’est quoi ?
Dans cette intrigue située dans un village des Vosges, on trouve des tanks, des vers de terre et des nudistes en furie. Fanny Ardant joue une veuve avec deux enfants de 30-40 ans à charge et une petite fille accro au ping-pong, et qui anime chaque soir une émission de radio participative sur l’amour. Les deux frères, campés par Swann Arlaud et Nicolas Maury (respectivement capitaine de police et géologue), se relaient à l’antenne pour faire plaisir à leur mère.
La vie de la famille Perdrix est pour le moins plan-plan. Mais une sorte de femme-enfant clamant que sa carapace renferme un cœur de pierre, jouée par Maud Wyler, va bouleverser leur quotidien. Délurée et avide d’aventures, elle papillonne de ville en ville. Ses attaches ? Aucune, exceptés des carnets intimes qu’elle tient pour “converser avec elle-même”.
Un jour, sur la route, elle se fait voler sa voiture et va porter plainte au commissariat où le capitaine Swann Arlaud la reçoit, sans grande conviction concernant la résolution de cette enquête. Les coupables sont des nudistes révolutionnaires, mais l’investigation de la victime et du policier va les mener sur une tout autre piste, celle de l’amour avec un grand A.
(© Pyramides)
Mais c’est bien ?
Premier film d’Erwan Le Duc, qu’on devra maintenant suivre de près, Perdrix est avant tout un univers où gravitent des comédiens vifs et singuliers. La légende raconte que le cinéaste a écrit pour ses acteurs. Si Maud Wyler rappelle par son excentricité Lætitia Dosch dans Jeune femme, le film a quelque chose des comédies romantiques à la française.
La première partie est beaucoup plus convaincante que la seconde, mais le long-métrage est singulier, ce qui rend la chose à moitié pardonnable. Énergique et surtout très drôle, le long-métrage se permet des envolées comiques. Autrement dit, à chaque fois que Nicolas Maury ouvre la bouche, vous allez rire. Après avoir incarné Hervé dans Dix pour cent, il interprète ici un géologue spécialisé dans les vers de terre.
Face à lui, Maud Wyler fait le poids avec ses répliques fantasques, mais laisse aussi de la place au mélo, cachant derrière ses airs de je-m’en-foutiste un intense besoin d’attention. Ce joli portrait de femme donne justement de belles leçons au cinéma français, prouvant qu’avec un peu de fantaisie, un rôle féminin peut dépasser les clichés habituels. Alors, certes, elle parle avec un débit de mitraillette, mais pour une fois qu’on accorde un temps de parole supérieur aux femmes à l’écran, on ne va pas se plaindre (pardon de devoir le préciser en 2019).
Tendre et sauvage à la fois, Perdrix n’est pas parfait mais révèle un auteur très prometteur – et met surtout du baume au cœur pendant ce marathon éprouvant qu’est le Festival de Cannes.
Qu’est-ce qu’on retient ?
L’actrice qui tire son épingle du jeu : Maud Wyler
La principale qualité : un univers fantasque, audacieux et ultra-drôle
Le principal défaut : un essoufflement scénaristique dans la deuxième partie
Des films que vous aimerez si vous avez aimé : La Loi de la jungle, Jeune Femme
Ça aurait pu s’appeler : La veuve, le Géologue et le Capitaine
La citation pour résumer le film : “À l’image du champagne de Cannes : frais et pétillant.”