En amont des journées mondiales de la Jeunesse 2019, les catholiques connectés peuvent désormais partager leurs prières et “aimer” celles des autres.
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(Photo by Grzegorz Galazka via Getty Images)
Le souverain pontife n’est pas franchement connu pour sa technophilie, et se décrit lui-même comme “un désastre” vis-à-vis des appareils connectés. Il n’empêche : le 21 janvier, devant la place Saint-Pierre-de-Rome, le pape François a officiellement lancé une nouvelle application développée par l’Église, Click to Pray, d’un majestueux swipe sur l’immaculée tablette qui lui était présentée.
L’application, disponible en six langues sur Android et iOS (utilisateurs de Windows Phone, vous êtes les Protestants du numérique), est développée par le Réseau mondial de prière du Pape. Elle propose quotidiennement “trois courts moments de prière”, permet de suivre au jour le jour les intentions de prière officielles du pape, et permet enfin à tout fidèle de proposer ses propres intentions de prière à la communauté, qui peut en retour “liker” ses préférées. Un réseau social basique, en somme.
Comme The Register, on a voulu voir à quoi ça ressemble, et connaître la relation de l’appli avec nos données personnelles. À première vue, le Vatican n’essaie pas de nous la mettre à l’envers : les permissions de l’appli se limitent à voir l’état et l’identité du téléphone, accéder et modifier du contenu stocké sur la carte SD, et enregistrer de l’audio. Évidemment, puisqu’il s’agit de l’Église catholique, l’interface inclut un système de don – c’est plus pratique que la quête, il faut bien le reconnaître.
À part ça, l’appli est plutôt bien foutue, la page de garde nous présente tout de suite la prière du mois de François – en janvier 2019, ce sont “les jeunes, en particulier ceux d’Amérique Latine”, qui sont dans le viseur de Sa Sainteté –, les rubriques sont claires et l’absence totale de publicité est rafraîchissante dans le monde saturé des applications mobiles gratuites.
Parler le jeune pour attirer le jeune
Quand on parcourt l’infinie litanie des doléances postées par les fidèles français, on perçoit cependant assez rapidement les limites d’un réseau social de prières : les commentaires se résument pour la plupart à “Amen”. Les prières en elles-mêmes diffèrent énormément – on prie pour soi, pour sa famille, pour son cœur brisé, pour la paix dans le monde, pour la guérison, et même “pour les dirigeants de nos pays afin qu’ils soient au service du peuple” (gilet jaune, on t’a reconnu !). Mention spéciale, enfin, à un type appelé “666Satan666”, venu là juste pour troller et nous rappeler qu’il n’existe aucun lieu saint sur Internet.
Avant le lancement de Click To Pray, la vénérable Église catholique nous avait déjà surpris avec l’organisation d’un hackathon, vHacks, en mars dernier, qui venait couronner une stratégie de digitalisation des plus hautes instances religieuses d’Occident. Depuis son intronisation, le pape François s’est régulièrement prononcé en faveur des technologies de l’information, n’hésitant pas à devenir le premier pape twittos (@Pontifex totalise 18 millions de followers) et à décrire Internet comme “un cadeau de Dieu”. Pas sûr que Click To Pray devienne l’appli de références des catholiques pratiquants – honnêtement, on ne comprend pas l’intérêt d’utiliser cette appli –, mais la prière rejoint au moins l’infinie liste d’activités dont on peut affirmer qu’ “il y a une application pour ça”.