Des milliards de morceaux de plastique menacent les espèces marines dans le Pacifique, formant une mer de la taille de l’Hexagone.
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The Great Pacific Garbage Patch covers an estimated surface area of 1.6 million square kilometers, three times the size of France. pic.twitter.com/syvtBp00eE
— The Ocean Cleanup (@TheOceanCleanup) 22 mars 2018
Jeudi 22 mars, une étude a révélé que la gigantesque décharge du Pacifique, équivalant à 80 000 tonnes de déchets, était bien plus importante qu’estimée auparavant : elle représente trois fois la taille de la France et deux fois la taille de l’État du Texas.
Alors que la production de plastique dépasse 320 millions de tonnes par an, une partie de ces sacs, bouteilles, emballages, filets de pêche abandonnés et microparticules dégradées s’agglutinent dans plusieurs zones des océans, sous l’effet de tourbillons géants formés par les courants marins. Ces derniers menacent dangereusement les animaux et écosystèmes.
Il s’agit du plus important de ces vortex, connu comme la “grande zone d’ordures du Pacifique”, que sont allés scruter, à mi-chemin entre Hawaï et la Californie, les auteurs d’une étude publiée dans la revue Scientific Reports.
Estimant que tout kilomètre carré contenant plus d’un kilo de plastique fait partie de cette poubelle du Pacifique, ils évaluent sa taille à environ 1,6 million de km2, soit trois fois la France continentale, même s’il ne s’agit pas d’une masse compacte. Cela correspond, d’après l’ONG Ocean Cleanup, à 250 débris par “personne dans le monde”.
Une augmentation exponentielle
En se basant sur la récolte de 1,2 million d’échantillons ainsi que sur des survols aériens, les chercheurs concluent aussi que 1 800 milliards de morceaux de plastique, pesant un total de quelque 80 000 tonnes, flottent dans ce magma qui “augmente de façon exponentielle”.
D’après les chercheurs, ces estimations sont 4 à 16 fois supérieures à deux précédentes études de ce vortex. Un résultat en partie lié à des méthodes d’analyse “plus fiables”, les précédentes s’étant surtout concentrées sur les microplastiques. Mais qui pourrait “aussi être attribué à l’augmentation de la pollution plastique des océans dans la zone”, notamment en lien avec les débris du tsunami japonais de 2011.
De manière générale, le plastique représentait 99,9 % des déchets récoltés, mais pas nécessairement sous forme microscopique, comme s’y attendaient les scientifiques. Ils ont été surpris de découvrir qu’en poids, plus des trois quarts de cette décharge étaient constitués de débris dépassant 5 cm et près de la moitié de matériel de pêche abandonné.
Ces cordes et ces filets “fantômes” tuent beaucoup “de poissons, de tortues, et même de mammifères marins” qui s’empêtrent dedans, explique à l’AFP l’auteur principal de l’étude, Laurent Lebreton, de la fondation Ocean Cleanup. Contre toute attente, il s’agit toutefois d’une “plutôt bonne nouvelle”, parce que “les gros débris sont bien plus faciles à collecter que les microplastiques”. Ce dernier pointe du doigt la “société du tout-jetable” et exhorte à régler ce désastre écologique de manière globale :
“Nous devons prendre des mesures importantes en la matière. Nous résoudrons ce problème à l’échelle mondiale.”
Konbini avec AFP