La réalité virtuelle, on en parle depuis maintenant plusieurs années : elle envahit les conférences, les trailers, les spots télé, etc. Pourtant, malgré l’indéniable sentiment d’immersion que cette technologie innovante apporte, la tendance de la VR peine à décoller et à toucher un large public.
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La faute au prix d’accès, probablement. Un Oculus Rift (un des casques VR les plus utilisés) coûte pour le moment plus de 500 euros en premier prix. Et il nécessite aussi, pour fonctionner correctement, un bon PC dont la configuration requise dépasse les 1000 euros. Même constat du côté de chez Sony avec son PSVR, qui demande (en plus de la console) un investissement de 300 euros, simplement pour l’équipement, auquel il faut donc ajouter les jeux compris entre 30 et 60 euros chacun.
Pourtant, les éditeurs et constructeurs ne souhaitent pas abandonner. La technologie est prometteuse et une baisse (significative) des prix d’accès à la VR pourraient, à moyen terme, lancer une bonne fois pour toute l’ère de la réalité virtuelle dans le jeu vidéo. En attendant, d’autres acteurs, souvent “outsiders” à ce genre de technologie, cherchent différentes approches, à commencer par Nintendo.
Avec le Nintendo Labo, le géant nippon propose une gamme de jeux physiques et à reconnaissance de mouvement, à construire avec des planches de carton : canne à pêche, voiture téléguidée ou encore… robot. C’est donc tout naturellement qu’il vient de sortir un nouvel opus avec le Nintendo Labo VR Kit.
Carton plein pour l’immersion
Pour me lancer dans l’expérience, j’ai fait appel à un ami. Ni lui, ni moi n’avions jamais essayé un autre casque de réalité virtuelle.
Le jeu commence par le montage de l’équipement en carton. Comme avec les autres accessoires de la série Labo, les instructions sont claires et ludiques. Le jeu use d’onomatopées amusantes (“Tchac !”, “Boom bi di zoom !” et autres “Zouik !”), ce qui permet d’apprendre également aux enfants apprentis bricoleurs à compter en anglais, sans nécessairement devoir solliciter l’aide d’un adulte lorsque la tâche se complique.
Une fois cette session digne d’un gadget Picsou Magazine terminée, il est temps de se jeter dans le grand bain de la réalité virtuelle. Autre petite précision : l’ami avec qui j’ai construit les accessoires est malvoyant d’un des deux yeux et pourtant, les lunettes VR de Nintendo lui ont fait un effet saisissant. En effet, cette technologie n’a pas nécessairement besoin de la vision binoculaire pour fonctionner, contrairement à la plupart des autres casques de réalité virtuelle du marché.
Après 10 minutes passées dans “la cuisine”, l’un des mini-jeux du mode découverte, les premières impressions émerveillent et je reste bouche bée devant l’énorme poisson qui nous attend dans le frigo. Les autres jeux proposés semblent ici plus complets que ceux du premier Kit Nintendo Labo.
Le canon, par exemple, permet de jouer à deux jeux distincts : un mode solo qui propose de lutter contre une invasion extraterrestre, et un mode versus (à deux joueurs l’un contre l’autre), dans lequel chacun doit nourrir le plus d’hippopotames pour les rallier à son équipe. Avec l’appareil photo, l’objectif est de prendre les plus belles photos de poisson possibles dans l’océan, en faisant la mise au point grâce à une ingénieuse molette en carton.
C’est d’ailleurs principalement sur la dimension multijoueurs que le Nintendo Labo VR met l’accent, avec des jeux à se partager pour tenter d’obtenir le meilleur score. L’absence de sangle aux lunettes VR permet d’ailleurs de s’y essayer à tour de rôle avec facilité. Car comme la plupart des jeux Nintendo, celui-ci se savoure en famille ou entre amis.
Plus qu’un simple gadget, un vrai support à l’imagination
Au fur et à mesure de nos constructions, le jeu se dévoile de plus en plus. Après un certain temps passé à construire des “Toy-Cons” (au nombre de 5 en tout), l’Atelier du même nom s’ouvre à vous. Dans ce mode, il est possible aux graines de développeurs de créer ses propres niveaux de jeux en définissant ses personnages, ses actions, ses obstacles et son objectif à atteindre.
Finalement le principal problème que peut poser le jeu se situe au niveau logistique : les Toy-Cons en carton prennent beaucoup de place, et les entreposer peut s’avérer compliqué à la longue. Nintendo devrait d’ailleurs songer à commercialiser un énorme coffre en carton pour ranger toutes les créations (je vais déposer l’idée de ce pas).
Inutile également aux vrais amateurs de réalité virtuelle de se pencher sur la question : Nintendo Labo VR s’adresse aux enfants ou aux néophytes. Ceux qui ont expérimenté Resident Evil 7 au casque PlayStation VR souriront gentiment à l’idée de taper dans une simple balle ou jouer avec un chien robotisé. Qu’ils se rassurent malgré tout : une prochaine mise à jour permettra de (re)vivre l’expérience des déjà mythiques jeux que sont The Legend of Zelda : Breath Of The Wild et Super Mario Odyssey, à l’aide de ces mêmes lunettes.
Quant à moi, encore vierge de toute expérience de réalité virtuelle avant de me lancer dans ce jeu, disons juste une chose : le lendemain, j’ai retrouvé des bouts de carton éparpillés un peu partout dans mon salon, mais au lieu de pester comme à mon habitude, j’ai souri.
Nintendo Labo VR est disponible sur Nintendo Switch.
Article écrit par Thomas Rietzmann et Pierre Bazin