Dans un rapport titré “En mauvaise santé et pas prêts”, un ancien général américain dresse un constat.
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Le Pentagone a du mal à recruter car les jeunes Américains sont trop gros, et même lorsqu’ils parviennent à s’enrôler, ils sont de plus en plus nombreux à être en surpoids, ce qui affecte leur efficacité au combat.
“Aujourd’hui, près d’un tiers des jeunes Américains sont trop gros pour servir dans les forces armées”, a déclaré le général à la retraite Samuel Ebbesen en présentant cette semaine un nouveau rapport du groupe de réflexion Council for a strong America sur le recrutement dans l’armée de Terre.
“Il est essentiel pour notre sécurité nationale que ceux qui veulent servir le pays répondent aux critères d’admissibilité”, a-t-il ajouté en présentant ce rapport intitulé “En mauvaise santé et pas prêts” aux côtés du directeur du recrutement du Pentagone, le général Frank Muth.
Selon des chiffres du Pentagone datant de 2015, 71 % des Américains âgés de 17 à 24 ans ne sont pas qualifiés pour servir dans les forces armées pour des raisons de surpoids, de niveau d’éducation insuffisant, de passé criminel ou d’usage de stupéfiants. Et sur les jeunes désireux de s’enrôler, l’obésité en disqualifie près d’un tiers (31 %).
Résultat, pour la première fois depuis 2005, l’armée de Terre n’a pas enrôlé autant de jeunes recrues qu’elle l’aurait voulu cette année, alors que la carrière militaire revêt un certain prestige aux États-Unis. Le directeur du recrutement de l’armée de Terre, le général Joe Galloway, a annoncé le mois dernier à la presse que sa force avait recruté en 2018 6 500 personnes de moins qu’espéré.
Soldats obèses
Le rapport note que l’obésité affecte aussi les soldats d’active : en 2015, 7,8 % d’entre eux étaient considérés comme étant en surpoids, un chiffre en hausse de 73 % par rapport à 2011.
Chaque année, le ministère américain de la Défense consacre 1,5 milliard de dollars à des dépenses de santé liées à l’obésité des soldats et anciens soldats et leur famille. En outre, plus de 650 000 journées de travail sont perdues chaque année à cause de problèmes liés à l’obésité.
Ce document cite une étude du ministère de la Défense menée entre janvier 2011 et juin 2016, qui montre que le nombre des évacuations médicales d’Irak et d’Afghanistan dues à des fractures de fatigue, des entorses graves et autres blessures liées à une mauvaise hygiène de vie était supérieur de 72 % à celui des évacuations pour blessures au combat.
Le Pentagone a renforcé les critères physiques requis pour les soldats d’active et le ministre de la Défense Jim Mattis a menacé de renvoi ceux qui n’y répondent pas. “La plupart des problèmes de l’Amérique sont résolus au niveau local. Et c’est là que ce problème-là devra être résolu”, déclarait le mois dernier M. Mattis aux étudiants d’une école militaire de Virginie, en se disant “très inquiet”.
Certaines régions des États-Unis sont moins gravement affectées et “nos recruteurs le savent et ils se focalisent sur ces zones”, ajoutait M. Mattis. Selon le rapport du Council for a strong America, l’obésité touche en effet davantage les États pauvres du sud que le riche nord-est.
Ainsi la proportion de jeunes de 17 à 24 ans considérés comme étant inéligibles pour une carrière militaire, notamment pour cause d’obésité, atteint 76 % dans le Mississippi mais 68 % seulement dans le Maine. C’est Hawaï qui a le moins de jeunes obèses, avec tout de même un taux de 62 %, et la capitale Washington qui en a le plus, portant le ratio à 78 %.
Konbini avec AFP