Nikon Film Festival 2020 : nos 10 courts-métrages coups de cœur

Nikon Film Festival 2020 : nos 10 courts-métrages coups de cœur

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(©Nikon film festival)

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Par Manon Marcillat

Publié le

Cette année, 1 241 courts-métrages étaient en compétition.

Vendredi, le jury présidé par Cédric Klapisch et composé notamment d’Ana Girardot, Eye Haïdara, Jonathan Cohen ou encore Rod Paradot devra départager les 50 finalistes pour récompenser dix grands gagnants qui recevront, entre autres, le Grand Prix du Jury, celui de la mise en scène, de la Meilleure photographie ou de la Meilleure interprétation.

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Le thème de cette dixième édition était “Une génération” et ce sont donc logiquement les réflexions autour des nouvelles technologies et des réseaux sociaux qui se sont imposées. 

De notre côté, nous avons choisi d’établir notre propre grille d’évaluation afin de mettre en lumière dix courts-métrages qui nous ont touchés pour leur message, leur drôlerie, leur engagement ou leur professionnalisme.

Le plus bouleversant : “Nous sommes immortels”

Il n’y a rien de pire que de voir ses propres parents vieillir. Depuis qu’on vit si vieux, c’est une souffrance qui peut durer longtemps.

Nous sommes immortels est un court-métrage essentiel qui a choisi d’évoquer la vieillesse par le prisme d’un sujet on ne peut plus actuel mais néanmoins toujours tabou (qu’on choisit de ne pas révéler ici).

Si c’est d’abord l’émotion que l’on retiendra, la réalisation très professionnelle est également à souligner. Un son de qualité, une voix off travaillée, des décors détaillés, rien ne manque à l’appel.

Le plus positif : “Pussy Boo”

Une ado, des grands-parents à côté de la plaque et de la musique “de jeune”. Pussy Boo aurait pu rapidement verser dans le cliché. Mais il a su éviter l’écueil des poncifs du fossé générationnel en trouvant un twist original pour mettre en lumière la bienveillance d’une génération envers l’autre plutôt que l’incompréhension.

Et outre le positivisme, on salue également une réalisation aboutie. 

Le plus audacieux : “Je suis une chute”

Si comme de nombreux films en compétition, Je suis une chute traite du sujet des réseaux sociaux, son réalisateur a su faire preuve d’audace. Il ouvre son court-métrage sur une scène glaçante pour nous emmener plus loin, dans l’envers du décor, dans le quotidien des modérateurs de contenu. 

Je fais partie de ces éboueurs du Web, cette nouvelle génération de prolétaires du micro-entreprenariat qui, pour quelques euros par jour, acceptent de regarder vos contenus dégueulasses et insupportables afin que ceux-ci ne tombent pas sous les yeux d’une fillette de dix ans qui vient d’avoir son nouveau smartphone. […] Je suis l’hygiène mentale d’un quart de la population.”

La réussite de ce court repose sur son unique monologue, très bien écrit et interprété par une grande voix, celle de Damien Boisseau, qui double notamment Matt Damon, Edward Norton ou Bradley Cooper. 

Le plus poétique : “Slurp”

Pour réaliser son touchant court-métrage, Florent Hill, le réalisateur de Slurp, a choisi de travailler en famille. Il a donc tourné son film dans le sud de la France, chez sa grand-mère et a offert les rôles principaux à cette dernière et à son petit-cousin. Peut-être est-ce grâce à cette particularité qu’il se dégage de ce court une véritable douceur outre la poésie dont est il empreint du début à la fin.

Nous avons aimé le regard enfantin qui retranscrit avec beaucoup de sensibilité le lien entre les générations. Mention spéciale à la conclusion très réussie qui est la cerise sur le gâteau de ce joli court-métrage.

Celui qui dénonce sans en avoir l’air : “Les Temps Modernes”

Je me demande même si à l’usine, ça ne serait pas mieux qu’ici.”

Et le prix du meilleur revirement de situation est attribué à… Les temps modernes. Voici un court-métrage qui frappe fort. Si le sujet abordé, celui du manque de moyens dans les EHPAD n’est pas des plus séduisants, il y est dénoncé d’une ingénieuse façon. 

On fait la connaissance d’un jeune homme, aux mœurs d’apparences légères, qui revendique fièrement sa capacité à ne jamais créer de lien avec les femmes, et même les hommes, qu’il rencontre. Mais il n’est pas celui que l’on croit et son message s’avérera en réalité tout autre. 

La meilleure interprétation : “Je suis Cyrano”

Une jeune femme entre par erreur dans un studio. Elle vient pour une audition, mais ne semble pas correspondre aux critères de l’annonce : “Jeune femme maghrébine, gros caractère et protectrice“. Le problème ? Son voile. “C’est moche” assure le casteur. Elle va s’opposer à son avis, en lui imposant son talent. 

La comédienne Nahla Attali déjoue en un temps record les préjugés sur le port du voile, enchaînant les interprétations pour dénoncer ces clichés. Force des mots, de l’interprétation et de la mise en scène, elle enchaîne les répliques inspirées de l’illustre tirade du nez de Cyrano. Une rencontre forte entre le théâtre et le cinéma. 

Le plus générationnel : “Je suis un affrontement”

Ce n’est pas la réalisation qui nous emporte, mais le message que le court-métrage véhicule. Une jeune fille de 23 ans est rattrapée dans son propre quotidien par l’actualité mondiale, qu’elle lit chaque minute sur son téléphone.

Guerre, torture, exploitation, publicité, corruption ou pollution se matérialisent autour d’elle dès son réveil, et la terrorisent. Le réalisateur a visé juste : cette confrontation est à l’image de l’angoisse et de l’impuissance que ressentent de nombreux jeunes face à l’actualité. 

Le plus engagé : “Ô RAGE !” 

Allons, luttons ensemble pour les êtres humains que la peine de l’instant soit la force de demain. 

Les images de ce court parlent d’elles-mêmes, soutenues par les mots percutants d’un jeune homme qui explique sa condition, accompagnées d’un air de piano. Victime d’un contrôle de police plutôt violent, il raconte l’oppression policière que lui impose sa couleur de peau. Ces mots, écrits sur le modèle de la tirade du Cid, sont livrés au nom d’une génération qui met “en lumière les maux d’une autre“. 

Aucun dialogue, ce sont l’enchaînement des gestes et de cette longue réplique proche du slam qui donnent naissance à un court-métrage profondément ancré dans l’actualité. 

Le meilleur élève : “Je suis obsolète”

Yves perd son travail devenu “obsolète”, selon son entreprise. Il comprend très vite qu’il sera remplacé par “une tablette”. Mais qui se cache derrière cette nouvelle machine ? Le suspense est intelligemment entretenu jusqu’à la chute. 

Si le thème central de ce court reste le problème de la déshumanisation de l’activité économique qui impacte toute une génération, les réalisateurs ont su multiplier le nombre de sujets évoqués. Ils y dénoncent par exemple adroitement l’hypocrisie des réseaux sociaux qui touche les millennials.

C’est finalement sur le fond d’une relation père-fille que ce court-métrage devient touchant, et colle parfaitement au thème “génération” imposé par le concours. 

Le plus drôle : “Circuit court”

Le scénario ? Lilla rencontre Jordan. Le décor ? Un supermarché. Deux inconnus se rencontrent pour la première fois, rient, semblent devenir complices en quelques minutes. Et pourtant ? Ça ne marchera pas. 

Sous couvert d’humour, le réalisateur parvient à dénoncer adroitement le racisme, mais on ne vous en dit pas plus, on vous laisse découvrir. 

Article écrit par Pénélope Meyzenc et Manon Marcillat