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Armée de son mobile, une femme dénonce les diktats imposés aux corps féminins

Armée de son mobile, une femme dénonce les diktats imposés aux corps féminins

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Par Konbini

Publié le

Cassey Ho, 31 ans, a photoshopé son mécontentement.

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<em>“1400-1700 : le corps ‘parfait’ = rond, avec des formes.”</em> (© Cassey Ho)

Début 2015, Buzzfeed publiait une courte vidéo présentant les corps féminins “idéaux” à travers le temps, depuis l’Égypte ancienne (soit deux millénaires avant Jésus-Christ) jusqu’aux années 2000. Différentes femmes posaient afin d’incarner les canons de beauté et, en filigrane, les diktats imposés aux femmes aux quatre coins du monde et depuis des milliers d’années. Minceur androgyne, rondeurs victoriennes ou silhouettes longues et athlétiques : aucune d’entre nous ne satisferait chaque idéal de beauté à travers les âges.

Afin de dénoncer l’absurdité d’exiger des femmes de répondre à certains standards, quelle que soit leur morphologie, la Californienne Cassey Ho s’est prise en photo, de dos et de face, vêtue d’un justaucorps noir, à l’aide de son mobile, puis a retouché son propre corps et publié le résultat sur son compte Instagram.

La professeure de fitness s’est aidée des talents pour la palette graphique du spécialiste de peinture numérique Daniel Kordek, afin d’arrondir ses seins, son ventre et ses cuisses ou de limer jusqu’à la dernière de ses formes. Ces différentes silhouettes, qui ont représenté de façon éphémère l’apogée de la beauté, étaient souvent mises en valeur par des femmes devenant les icônes de toute une décennie, voire plus.

De Botticelli à Nicki Minaj

Comme un clin d’œil, mais aussi peut-être comme une critique de l’utilisation de ces femmes adorées pour leurs corps avant d’être mises de côté lorsque passent les modes, Cassey Ho a intégré sur chacune de ses images des tableaux de femmes ayant fait office de parangon de la beauté à chaque époque. Les années 1400-1700 célèbrent les formes chères, entre autres, à Botticelli ; les années 1920 glorifient les danseuses des années folles ; les années 1950 portent aux nues Marilyn Monroe et sa silhouette en sablier ; les années 1990 sont l’ère des top models, le passage au XXIe siècle encense les anges Victoria’s Secret ; et 2018 loue la taille marquée et les fesses très rebondies de la rappeuse Nicki Minaj.

Sur la dernière image, le tableau est noir. Cassey Ho a souhaité terminer cette expérience de transformation corporelle numérique en publiant sa vraie silhouette, soit “le corps parfait” selon elle, simplement parce que c’est le sien et que, même si elle considère ne pas avoir les formes plébiscitées en 2018, elle est en bonne santé et se sent bien ainsi.

En parallèle de cette dernière image, la jeune femme se demande : “Pourquoi traitons-nous nos corps comme nous vivons les effets de mode ? Qui nous dit ce qui est tendance et ce qui ne l’est pas ?” Les images de Cassey Ho ont été largement partagées depuis leur publication, récoltant d’ailleurs plus de 220 000 mentions “J’aime”. La preuve, espérons-le, que le XXIe siècle tente de balayer cette quête infernale d’idéaux souvent inaccessibles et cette tendance à voir les femmes simplement comme des enveloppes charnelles.

<em>“Les années 1920 : le corps ‘parfait’ = garçonnier.”</em> (© Cassey Ho)

<em>“Les années 1950 : le corps ‘parfait’ : silhouette en sablier.”</em> (© Cassey Ho)

<em>“Les années 1990 : le corps ‘parfait’ : extrêmement mince.” </em>(© Cassey Ho)

<em>“Milieu des années 1990 – années 2000 : le corps ‘parfait’ : gros seins, longues jambes.” </em>(© Cassey Ho)

<em>“2018 : le corps ‘parfait’ : taille marquée, grosses fesses.” </em>(© Cassey Ho)

<em>“2018 : le corps parfait : le mien.” </em>(© Cassey Ho)