Michelle Carter, la lanceuse de poids qui fait rimer muscles et féminité

Michelle Carter, la lanceuse de poids qui fait rimer muscles et féminité

Première Américaine à remporter l’épreuve olympique de lancer de poids, cette sportive a étonné les spectateurs par son maquillage particulièrement soigné.

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Ce n’est pas parce qu’on est une championne olympique qu’on évite les remarques sur son corps. Loin de là. Dans le cadre des Jeux olympiques de Rio, on a déjà assisté à plusieurs cas avérés de body shaming : la gymnaste mexicaine Alexa Moreno et le nageur éthiopien Robel Kiros Habte en ont fait les frais : tous deux ont été moqués pour leur surpoids. Comme quoi on vit dans un monde où même en étant athlète, on peut se faire traiter de “gros”.

Intéressons-nous à présent au cas de Michelle Carter. Cette athlète a été la première Américaine à remporter la médaille d’or des JO à l’épreuve du lancer de poids, le 12 août. Une discipline qui fait encore fuir beaucoup de femmes, explique-t-elle au New Yorker, qui craignent de paraître peu féminines.

Mais Michelle Carter montre que l’on peut être féminine (au sens conventionnel du terme) tout en étant capable de jeter un poids de quatre kilos à 20 mètres devant soi, sans renier le maquillage ou les faux cils. Elle explique au New Yorker :

“Pour moi, je crois que ce qu’on dit c’est : ‘Tu sais quoi, on est des filles et on peut jeter des poids lourds en l’air en courant dans le sable tout en ayant la classe’. Ça permet d’attirer un peu de lumière sur ce sport et comme ça les filles se disent ‘En fait je peux faire ça moi aussi, et j’ai le droit d’être une femme'”.

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Michelle Carter est maquilleuse professionnelle et elle a lancé sa propre marque, Shot Diva. Elle explique au magazine américain qu’elle s’était demandé si c’était correct d’être maquillée en compétition parce que personne d’autre ne l’était, mais qu’elle a fini par se passer de l’opinion des autres.

“Je ne vais pas changer mes croyances ou mon apparence pour que cela corresponde aux critères de quelqu’un d’autre. Si tu te présentes avec ton meilleur look, tu vas te sentir mieux, et tu vas donner le meilleur de toi-même”.

Cela ne veut pas dire pour autant que toutes les femmes — lanceuses de poids ou non — devraient porter des faux cils et du mascara pour se sentir mieux, mais qu’elles devraient se sentir autorisées à le faire, sans être jugées, si c’est ce qui les botte.

Michelle Carter passe beaucoup de son temps à se battre pour que les femmes aient une meilleure image d’elles. Elle a créé une colonie d’été basée sur le sport et la confiance en soi et qui s’appelle “You Throw Girl”. Elle conseille par ailleurs de nombreuses lanceuses :

“Les parents viennent me voir et me disent : ‘Est-ce que vous pouvez dire à ma fille que tout va bien ? Que c’est pas grave d’avoir des muscles ?’. D’autres me disent qu’ils montrent des photos de moi pour expliquer à leur fille qu’elle peut être une grande sportive et avoir l’air d’une femme ou porter des robes. Ça permet de libérer les gens, de les laisser être eux-mêmes dans leur sport.”

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Il n’y a rien de grave à être musclée quand on est une fille. Dans le cas de Michelle Carter, c’est même complètement nécessaire. La force physique est le propre de l’athlète et les muscles en sont la partie visible. Mais dans notre société, une athlète peut être au sommet de sa discipline, on la critiquera toujours pour son manque d’adéquation à des critères normatifs de féminité.

C’est un peu décourageant de voir qu’une athlète aussi courageuse que Michelle Carter, championne d’un sport dont les femmes sont largement exclues, reste vue à travers l’unique prisme de son appartenance à la gent féminine. On ne peut apprécier sa valeur, ou celle d’autres athlètes comme Serena Williams, sans que la remarque soit servie sur un lit de sexisme. Car, se disent les machos, comment juger une femme, si ce n’est sur son apparence ?

“Il faut comprendre que chaque corps a été conçu pour faire quelque chose, explique l’athlète. Moi j’ai été bâtie pour faire une chose, et c’est comme ça que je suis. Je crois que les gens se rendent comptent que l’on ne promeut qu’un seul type de corps, alors qu’il y en a toujours eu beaucoup d’autres.”

Le corps d’une femme n’a pas pour seul but d’être étalé sur le papier glacé des magazines, ou de se dandiner sur les podiums : il peut nager, courir, sauter et lancer des trucs super lourds sans problèmes, et avec des faux cils si ça lui dit. Michelle Carter est un exemple : son attitude fait du bien, elle montre à tout le monde (et surtout, aux jeunes filles) qu’on peut faire ce qu’on veut même si on ne rentre pas dans du 34.

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