“Les barrages n’ont pas bougé d’un iota”, assure pourtant le porte-parole du Collectif des citoyens de Mayotte.
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“Oui, la situation est grave à Mayotte”, a concédé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb lors de la séance de questions à l’Assemblée mardi 13 mars, avant de poursuivre : “Je veux remercier madame Girardin d’y être allée immédiatement. Elle a fait preuve d’un grand courage et d’une grande détermination.”
“C’est une honte, Monsieur Macron, c’est une honte de nous abandonner comme ça” déclarait une habitante de Mayotte au micro de Clément Brelet et Hugo Clément au début du mois, se faisant l’écho de toute la population de l’île. En effet, 84 % des Mahorais vivent sous le seuil de pauvreté et tous protestent contre une insécurité grandissante et un taux de délinquance parmi les plus élevés de France. Ils s’opposent également à l’immigration illégale en provenance des Comores.
Mardi 13 mars, la ministre des Outre-mer a fini par se rendre sur place, après plusieurs semaines de grève générale et de grandes manifestations – et n’y est donc pas allée “immédiatement”, comme l’a indiqué M. Collomb. Mme Girardin a négocié pendant quelques heures avec les syndicats locaux.
“Madame la ministre n’a pas du tout écouté la population”
Je me félicite de l’état d’esprit volontariste et collectif qui a prévalu dans la construction d’un accord mettant un terme à la crise de #Mayotte pic.twitter.com/SOWgPfZyR8
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) 13 mars 2018
La ministre, qui s’est “félicit[ée] de l’état d’esprit volontariste et collectif”, a annoncé qu’un “accord de principe” avait été trouvé entre les différentes parties : l’État, les élus, les syndicats et les collectifs. Elle a promis de lutter contre l’immigration illégale, l’insécurité et la délinquance, de mettre en place un calendrier et d’envoyer des représentants de l’État sur place. En échange, les Mahorais doivent débloquer les barrages de l’île dans la journée d’aujourd’hui, comme la ministre l’a fait savoir dans un communiqué de presse.
Néanmoins, du côté de l’île, le discours est tout autre et le mouvement se poursuit. Joint par téléphone, Foumo Silahi, porte-parole du Collectif des citoyens de Mayotte, nous indique que tout ce qui est dit dans le communiqué est un discours destiné aux médias. Selon ce dernier, “Madame la ministre n’a pas du tout entendu ou écouté la population” mais a plutôt ouvert une brèche pour peaufiner sa communication.
M. Silahi a expliqué à Konbini news que “la situation n’était nullement apaisée” et que pour l’instant, “les barrages n’ont pas bougé d’un iota, ils seront maintenus et la grève continue”. Il a fustigé des “paroles”, concédant une discussion “basée sur la confiance”, mais qui doit très rapidement être complétée d’“accords écrits noir sur blanc”.
Mayotte : la CGT Educ'Action appelle "à la poursuite du mouvement"https://t.co/DSNb8NehDC pic.twitter.com/CiZeskJx4h
— franceinfo (@franceinfo) 14 mars 2018