La première version de Mario Kart en réalité virtuelle, sur HTC Vive, va s’installer dans les bornes d’arcade tokyoïtes… Avant d’arriver dans nos salons ?
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Puisque le code de la route, la morale communément admise et un bon paquet de textes de lois nous empêchent explicitement d’organiser des courses de karts à moteurs de 250 centimètres cubes au milieu du trafic urbain, durant lesquelles il est non seulement permis mais conseillé d’utiliser un arsenal d’armes pour envoyer nos concurrents dans le décor (monde de merde !), nous n’avons eu d’autre choix que de nous rabattre sur une manette de console et un écran de télévision pour assouvir nos pulsions anarcho-compétitives.
Mais tous ceux qui ont déjà ressenti l’excitation sadique d’un éclair de rapetissement déclenché sur la concurrence à quelques centaines de mètres de l’arrivée d’une course disputée le savent, le Mario Kart sous sa forme actuelle ne sera jamais plus qu’un ersatz de course, un Subutex de violence à la catharsis tout juste suffisante pour maintenir l’ordre de nos sociétés. Au fond, nous voulons tous filer nos dem’, sauter dans un kart et tout démolir sur notre passage avant de partir comme des braves en se faisant seppuku dans notre sous-préfecture. Ne vous laissez pas avoir par les sourires et la musique entraînante de cette vidéo promotionnelle : ce sont des leurres. Mario Kart n’a rien de fun ou d’innocent. Mario Kart est un judas entrouvert sur la folie des hommes.
Si le paradigme d’innovation matérielle qui caractérise désormais nos sociétés risque fort d’emporter à toute vitesse notre espèce vers sa fin brutale, il y a fort à parier que l’histoire se souviendra de ce mois de juin 2017 qui a vu Mario Kart et la réalité virtuelle enfin célébrer leur union démoniaque. Oui, mesdames, messieurs, Namco vient de l’annoncer : le jeu de kart le plus dévastateur de tous les temps va avoir droit à sa version immersive, et nous ne pouvons pas faire comme si le monde allait résister au séisme. Si, pour le moment, seules quelques salles d’arcade VR tokyoïtes (dont la VR Zone de Bandai Namco du quartier de Shinjuku) auront le privilège d’offrir aux joueurs le nirvana vidéoludique moyennant un casque HTC Vive, deux bracelets aux poignets pour balancer des carapaces et un siège de course connecté à quelques vérins hydrauliques, il est certain que Mario Kart VR finira par trouver sa place dans nos salons, lorsque la VR aura terminé sa (trop) lente, mais inévitable pénétration dans les foyers européens. Et alors – oh, alors –, notre violence ontologique trouvera enfin une arène à sa dimension. Et ça ne sera pas beau à voir, les enfants.