L’Inde prouve à son tour qu’elle peut dégommer des satellites

L’Inde prouve à son tour qu’elle peut dégommer des satellites

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Un missile antisatellite SM-3 (Etats-Unis) – US Navy photo

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Par Pierre Schneidermann

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Vive les débris spatiaux !

“Aujourd’hui, je veux dire à la communauté internationale que cette nouvelle maîtrise que nous avons développée ne vise personne en particulier. L’Inde n’a pas l’intention de menacer qui que ce soit. Il s’agit d’un effort pour protéger l’Inde, nation en pleine croissance“. Ainsi s’adresse le Premier ministre de l’Inde à ses compatriotes et au monde en général dans un communiqué de presse tenu le 27 mars.

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Cette démonstration de testostérone – la mission Shakti –, c’est le shoot d’un satellite (indien, ouf) par un missile anti-satellite, un ASAT, qui a torpillé sa cible située à 300 km au-dessus de la Terre et ce en trois minutes. L’Inde devient donc officiellement la quatrième nation à maîtriser cette technologie (après la Russie, les États-Unis et la Chine), manière de dire “Hé ho les cocos, nous aussi on pèse dans le game de la conquête spatiale, ok ?“, un peu comme lorsqu’un pays dit maîtriser la technologie de l’arme nucléaire. D’ailleurs, même sans ce shoot de satellite, l’Inde commence à se hisser parmi les champions “méconnus” de la conquête spatiale.

Mesurons toutefois nos propos. Pour filer la comparaison avec le nucléaire, shooter un satellite ne relève pas nécessairement de l’acte guerrier. Oui, c’est intéressant d’être en mesure de dézinguer un satellite militaire d’une autre nation (ce qui n’est jamais arrivé). Mais l’intérêt, c’est aussi de pouvoir neutraliser des satellites défaillants devenus useless ou des satellites qui ont quitté leur trajectoire et pourraient traverser notre atmosphère (à part les expérimentations, ça n’est jamais arrivé non plus). Traverserait-il l’atmosphère, il se désintégrerait, mais les résidus pourraient quand même provoquer quelques dégâts.

Pour revenir au satellite, les experts, interrogés par le média indien The Print, supputent qu’il s’agit d’un MicroSat-R, lancé en janvier dernier, un engin de facture indienne et conçu à dessein militaire. Sa durée de vie aura été très courte.

Même si l’Inde n’a directement fait de tort à personne, la communauté spatiale est franchement emmerdée. Car il y a une vraie mauvaise nouvelle : torpiller un satellite provoque l’apparition de milliers de ces si embêtants déchets spatiaux qui ont inspiré Gravity. En 2007, quand la Chine avait fait son test, les scientifiques avaient pu dénombrer 900 débris et avaient estimé à 35 000 le nombre de résidus inférieurs à 1 cm. Si l’on ne connaît pas encore l’étendue des dégâts provoqués par le défunt Microsat-R, il y a une bonne nouvelle : puisqu’il n’était qu’à 300 km d’altitude, il aurait causé moins de pollution que la Chine.

Dans son communiqué, l’Inde affirme, à juste titre, n’avoir enfreint aucune loi ni convention. C’est sûrement ça, le vrai problème.