La DGSE veut aussi écouter les conversations des gamers

La DGSE veut aussi écouter les conversations des gamers

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Par Pierre Bazin

Publié le

La Direction générale de la sécurité extérieure aimerait pouvoir surveiller les conversations des fans de jeux en ligne.

Le site spécialisé Intelligence Online a rapporté l’apparition d’une nouvelle offre de stage, transmise par le ministère des Armées aux écoles dont est issue une très grande partie des agents de nos services de renseignements. La fiche de poste exige des compétences informatiques, essentielles à la surveillance des communications, mais se focalise tout particulièrement sur les jeux en ligne qui rassemblent des millions de joueurs à travers le monde : PUBG, Fortnite, CounterStrike, WoW, League of Legends

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“Les moyens de communication mis à disposition dans ces jeux sont utilisés de manière furtive afin d’échanger de l’information spécifique.” Tel est l’argument mis en avant par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) afin de justifier son intérêt pour les serveurs de Fortnite, les squads de PUBG et les guildes de World of Warcraft. Les missions listées dans la fiche de poste, comme la recherche de “signatures réseaux”, montrent clairement que l’objectif est de pouvoir localiser et écouter des conversations qui échappent aux canaux classiques plus sécurisés (SMS, téléphone, mails, réseaux sociaux).

Faut-il s’inquiéter de l’avènement d’une sorte de Big Brother pour nos jeux vidéo en ligne favoris ? Probablement pas, mais à l’inverse il ne faut pas non plus en rire en s’imaginant que la DGSE va se mettre à écouter les hurlements de prépubères de 11 ans sur Fortnite, les rage quits de Russes virulents sur CounterStrike, ou encore les propositions alléchantes d’un “farmer de PO” peu scrupuleux sur WoW.

Des serveurs d’échange et de recrutement 

Ce qu’il faut retenir, c’est que si la DGSE (qui agit contre les menaces extérieures au territoire français) lance de telles initiatives, ce n’est ni inédit ni un hasard. Depuis plusieurs années maintenant, les communications sur les canaux dits “alternatifs” font l’objet de beaucoup de surveillance car ceux-ci sont devenus de formidables outils pour des actions illégales, y compris le terrorisme international.

Il y a trois ans, des failles de sécurité dans le PlayStation Network (PSN) avaient facilité des communications entre terroristes. Mais il y a aussi des problématiques encore plus spécifiques aux jeux vidéo. On sait par exemple que les serveurs de Counter-Strike ou de Call of Duty avaient été des terrains de recrutement pour l’organisation État islamique. En parallèle, ces jeux de guerre sont aussi beaucoup utilisés dans la communication de Daech, qui fait souvent référence à ces œuvres vidéoludiques dans sa propagande (même si des armées régulières, comme l’US Army par exemple, le font aussi).

Il y a peu de raisons de vous inquiéter pour vos conversations personnelles sur Fortnite (même celles où votre interlocuteur en vient à insulter votre génitrice). Ce genre de déploiement d’outils de surveillance coûte extrêmement cher : le ministère des Armées dispose bien évidemment de moyens, mais il est à l’heure actuelle tout bonnement impossible de surveiller l’entièreté (ni même une moitié) des conversations de celles et ceux qui jouent à tous ces titres.