Les 7 scandales qui ont marqué la campagne présidentielle américaine

Les 7 scandales qui ont marqué la campagne présidentielle américaine

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Par Théo Mercadier

Publié le

En une année de campagne, les scandales se sont enchaînés avec une régularité déconcertante, pour le plus grand plaisir des médias. Un match de boxe en sept rounds.

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La campagne américaine n’a pas vraiment été ce que l’on pourrait appeler un “débat constructif censé éclairer l’électorat sur les enjeux socio-politiques de notre temps”. Non, on se rapproche plutôt d’une succession de scandales et de vieux dossiers ressortis des placards et utilisés par les candidats pour se taper dessus aussi fort que possible.

À quelques jours d’une élection qui déterminera le président de la première puissance économique, militaire et culturelle du monde, on revient avec vous sur les différents scandales qui ont marqué la course à la Maison-Blanche.

18 février : le pape François versus Donald Trump

“Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétienne.” On doit cette petite phrase au pape François, qui s’horrifie à l’époque de l’idée d’un mur entre les États-Unis et le Mexique, le thème phare du programme du milliardaire. S’il ne le nomme pas explicitement, l’allusion du pape est évidente.

La phrase fait alors l’effet d’une bombe politique aux États-Unis. Il faut dire que l’électorat républicain est en grande partie composé de catholiques (bien qu’ils soient en minorité par rapport aux protestants). La religion est un thème récurrent des primaires républicaines, au point que certains candidats vont jusqu’à citer la Bible dans leurs meetings. Apparaître comme “non chrétien”, c’est se couper de facto d’une indispensable réserve de voix. Donald Trump ne peut donc pas laisser passer la déclaration du souverain pontife. Il réplique alors : “Qu’un responsable religieux mette en doute la foi d’une personne est honteux. Je suis fier d’être chrétien.” Aller au clash avec le pape, il fallait quand même oser.

Beaucoup d’observateurs remarquent alors que c’est la première fois qu’un pape fait de l’ingérence dans une élection américaine. Un signal fort.

27 juillet : Trump demande à Moscou d’espionner Clinton

L’ombre de l’ours russe aura plané sur l’ensemble de la campagne, notamment à travers les accusations portées contre Wikileaks, supposément manipulé par Moscou pour déstabiliser la campagne de la candidate démocrate. Le FBI et la CIA ont fini par mener une enquête conjointe pour tenter d’établir si, oui ou non, le Kremlin tente d’influer sur la campagne, en ayant recours notamment à des piratages informatiques.

En cause, la publication par Wikileaks le 22 juillet de mails internes du Comité national démocrate, qui montrent que les instances du parti ont sciemment saboté la campagne de Bernie Sanders, alors concurrent de Hillary Clinton. Une véritable bombe qui provoque une vague d’indignation et donne du grain à moudre aux détracteurs de l’ex-secrétaire d’État.

De son côté, Donald Trump se plaît à qualifier Vladimir Poutine de “dirigeant fort et puissant”, qui “a fait honneur à son pays”. Un appel du pied que l’on appréciera pour sa discrétion… Il encourage par ailleurs la Russie à continuer (si tant est qu’elle ait jamais commencé) ses offensives informatiques : “Messieurs les Russes, si vous écoutez, j’espère que vous serez capables de retrouver les 30 000 mails qui manquent”, a-t-il balancé en référence à l’affaire des mails de Hillary Clinton (nous y reviendrons). Une invitation à peine voilée à hacker la candidate démocrate, tout simplement.

31 juillet : Trump versus la famille d’un vétéran américain

C’est peu dire que l’électorat républicain aime l’armée américaine et a fortiori les soldats tombés au front. D’où l’ampleur de la bourde (mais est-ce encore une bourde à ce niveau-là…) de Donald Trump, lorsqu’il s’attaque directement à la famille d’un soldat américain musulman, décédé en Irak en 2004.

Le père de ce dernier, Ghazala Khan, avait pris la parole lors de la convention d’investiture d’Hillary Clinton. Il n’avait pas été avare en critiques sur le candidat républicain, ce qui a provoqué chez lui une réaction épidermique. La réponse de Donald Trump fut pour le moins dénuée de tact, comparant le sacrifice de la famille avec ses propres “sacrifices”, à savoir… ses investissements dans l’immobilier.

Le milliardaire a surenchéri en critiquant l’attitude de la mère du soldat, silencieuse durant toute l’intervention de son mari : “Si vous regardez sa femme, elle se tenait debout là-bas, elle n’avait rien à dire. Elle n’avait probablement pas le droit de dire quoi que ce soit.” Une référence directe au cliché de l’épouse musulmane soumise à son mari, qui est plutôt mal passée — d’autant plus que, quelques jours plus tard, elle a expliqué ne pas s’être exprimée car elle était submergée par l’émotion.

9 septembre : Clinton qualifie les électeurs de Trump de “pitoyables”

Probablement l’une des perles de cette campagne. Au cours de l’un de ses discours à New York, devant des membres de la communauté LGBT, Hillary Clinton a une sortie pour le moins surprenante :

“Pour généraliser, en gros, vous pouvez placer la moitié des partisans de Trump dans ce que j’appelle le panier des pitoyables. Les racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes. Vous n’avez qu’à choisir.”

Traiter de “pitoyables” plusieurs millions de ses concitoyens en deux phrases, c’est culotté. Comme on pouvait s’y attendre, les réactions tombent immédiatement sur la candidate, dans une véritable avalanche de critiques, et Donald Trump tient bien évidemment à donner son avis : “Wow, Hillary Clinton a été si insultante à l’égard de mes soutiens, des millions de gens fantastiques et travailleurs. Je pense qu’elle va le payer cher dans les sondages”.

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La candidate démocrate est forcée de présenter ses excuses peu de temps après le scandale et reconnaît qu’elle a “généralisé grossièrement”. Tout de même, une erreur de cette taille est étonnante de la part d’une femme qui a près de trente ans de carrière politique derrière elle.

11 septembre : malaise d’Hillary Clinton, les médias s’affolent

Il aura suffi d’une petite vidéo amateur, prise au cours d’une cérémonie en mémoire des victimes du 11 Septembre, pour que la candidate démocrate ait droit à une nouvelle casserole. On l’y voit s’effondrer et se faire littéralement transporter par son garde du corps sur les derniers mètres qui la séparent de sa voiture. Si son équipe tente de faire barrage pour masquer la scène, rien n’y fait et la vidéo fait le tour du monde en quelques instants.

Ces images arrivent alors que l’inquiétude montait quant à la santé d’Hillary Clinton, la candidate étant régulièrement prise de quintes de toux pendant ses réunions publiques. Le camp Clinton est forcé de publier un communiqué déclarant qu’elle souffre d’une pneumonie. Une annonce plus que tardive, qui renforce les accusations autour de la culture du secret et de la manigance attribuée à la candidate. Être malade n’est bien sûr pas un crime, mais les dissimulations sur son état de santé amènent les électeurs à se poser la question suivante : peut-on élire comme présidente quelqu’un à qui on ne fait pas confiance ?

S’ensuit une véritable bataille par bulletins de santé interposés, Donald Trump n’hésitant pas à dégainer les résultats de ses derniers examens médicaux en pleine émission télévisée. Une mise en scène bien orchestrée.

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8 octobre : “Quand tu es une star, tu peux les attraper par la chatte”

Poésie, quand tu nous tiens… La veille du deuxième débat télévisé opposant les deux candidats (débat qui pour beaucoup reste à ce jour le pire débat politique de tous les temps) un enregistrement datant de 2005 nous montre le visage sexiste et macho du milliardaire. On l’entend expliquer à l’un de ses amis journalistes que sa célébrité lui permet (en théorie) de coucher avec n’importe qui, “sans demander”. Des propos bien vulgaires qui provoquent la fureur des Américain-e-s.

Pour toute excuse, au cours du débat, Donald Trump se contente d’évoquer des “conversations de vestiaire” (“locker room talk“) et contre-attaque sur les frasques sexuelles de Bill Clinton lorsque ce dernier était en poste à la Maison-Blanche. Quoiqu’il en soit, l’affaire a coûté au milliardaire une large part de son électorat féminin. Le graphique suivant, sorti quatre jours après l’affaire, montre ainsi que les femmes soutiennent massivement Hillary Clinton (61 %) :

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28 octobre : relance de l’affaire des e-mails

On vous en parlait le 1er novembre, la relance de l’enquête sur les e-mails d’Hillary Clinton par le FBI a fait l’effet d’une bombe dont la candidate se serait bien passée, à une semaine des élections. Ce scandale a jeté une ombre sur l’ensemble de la campagne et constitue l’un des angles d’attaque favoris de Donald Trump. En cause, l’utilisation par Hillary Clinton d’un serveur privé pour tous ses mails durant son mandat de secrétaire d’État — alors que le protocole de sécurité l’obligeait à utiliser des serveurs sécurisés. Le hack d’une telle adresse privée aurait pu donner lieu à une fuite de données potentiellement confidentielles.

De plus, Hillary Clinton a supprimé près de 30 000 de ces e-mails. S’ils ont pu être récupérés a posteriori par le FBI, ces e-mails sont un symbole du manque de transparence de la candidate démocrate et contribuent largement à entacher son image. Le FBI avait pourtant jugé opportun d’abandonner l’enquête en juillet dernier, tout en accusant Clinton d’avoir été “extrêmement négligente”.

C’est la découverte de nouveaux mails potentiellement incriminants pour l’ex-secrétaire d’État, dans le cadre d’une autre enquête (l’ex-mari de l’une de ses collaboratrices étant soupçonné d’avoir envoyé des sextos à une jeune fille mineure), qui a conduit le FBI à rouvrir le dossier. Donald Trump, lui, se contente de surfer sur la vague.