Les lobbyistes de Monsanto pourraient ne plus avoir accès au Parlement européen

Les lobbyistes de Monsanto pourraient ne plus avoir accès au Parlement européen

Nouvel épisode dans l’affaire du glyphosate : les chefs des groupes politiques du Parlement européen veulent interdire l’accès à l’institution aux cadres et lobbyistes de la multinationale Monsanto.

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Monsanto pourrait devenir persona non grata dans les couloirs du Parlement européen. C’est en tout cas ce que réclament fermement les chefs des groupes politiques de l’institution, dans une lettre datée du vendredi 29 septembre et adressée au président du Parlement. L’objet de leur colère ? Le refus exprimé par la multinationale de se rendre à une audition prévue le 11 octobre, dans le cadre de l’affaire des “Monsanto Papers”.

Les eurodéputés voulaient en effet interroger l’entreprise sur des documents (déclassifiés par la justice américaine en début d’année) qui mettent à jour les pratiques d’intimidation et de lobbying sauvage de Monsanto à l’égard du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Ces documents révélaient par ailleurs que la firme avait connaissance du potentiel cancérogène et mutagène de l’herbicide glyphosate, la substance contenue dans le Roundup, depuis 1999.

“Un manque de respect profond”

Visiblement, Monsanto, qui a détenu le brevet du glyphosate jusqu’en 2000, ne semble pas souhaiter répondre à ces accusations devant le Parlement européen. L’entreprise estime ainsi “ne pas avoir le sentiment que la discussion telle que proposée est le forum approprié pour aborder de tels sujets”, rapporte notamment Europe 1. Une fin de non-recevoir jugée totalement inappropriée par les eurodéputés, qui s’estiment méprisés :

[Cela montre] un manque de compréhension et de respect profond d’une institution publique démocratiquement élue. [Les présidents de groupes ont donc] adopté une recommandation au secrétaire général d’interdire l’accès du Parlement européen aux représentants de Monsanto.”

La requête sera donc soumise mardi 3 octobre pour approbation au président du Parlement. S’il n’existe pas de dispositif permettant aux eurodéputés de contraindre une entreprise à se rendre à une audition, le fait de lui retirer son accès au Parlement peut s’avérer être un moyen de pression. Les Échos nous rappellent par exemple que dans le cas du scandale du LuxLeaks, plusieurs multinationales avaient refusé d’honorer des invitations, comme McDonald’s, Amazon ou Fiat… jusqu’à ce que l’accès de leurs lobbyistes soit mis dans la balance !

La licence européenne du glyphosate expire fin 2017 et le débat sur son renouvellement fait rage au sein de l’Union européenne. L’entreprise aurait bien tort de se passer d’un accès de choix au Parlement pour exercer un lobbying en faveur de sa réautorisation… Europe : 1 / Monsanto : 0.

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