Charte pour l'emploi local: quel que soit le titulaire de la charge, la préfecture est, par nature, adversaire des intérêts corses. #CQFD
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) 28 mai 2017
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De fait, cette charte n’est pas contraignante, et c’est aux entreprises de décider si elles souhaitent ou non en respecter les principes. Chaque entrepreneur signataire de la charte s’engagerait alors pour deux ans à favoriser l’emploi à compétence suffisante, et non pas à compétence égale. La subtilité est plus qu’importante : en gros, un non-Corse surqualifié pour un job ne pourra espérer le décrocher s’il trouve en face de lui un Corse qui remplit tout juste les conditions minimales. C’est ce point qui fait crier le Medef au scandale et à l’atteinte à l’efficacité économique.
Mais vu le poids des syndicats qui portent cette mesure (STC, CFDT, UMIH, etc.) et l’unanimité quasi totale qui règne chez les différents acteurs économiques de l’île, de nombreuses entreprises devraient soutenir la charte. “Cette charte a été signée par l’ensemble des représentants du monde économique, chambre consulaire, de métiers, d’agriculture, de commerce, par des syndicats très représentatifs”, enfonce Jean-Guy Talamoni au micro de FranceInfo.
Si la CGT rejette massivement l’initiative, les autres syndicats mettent en avant les conséquences positives qu’elle pourrait avoir sur le tissu économique et social de la Corse, où le taux de chômage s’élève à 10,5 %. Cependant, des considérations nationalistes ressurgissent dans le discours qui la porte : “On a besoin d’avoir un droit à pouvoir s’administrer de nous-mêmes”, a ainsi déclaré un représentant syndical à FranceInfo. C’est donc bien d’administration autonome qu’il s’agit, ce que les nationalistes ont évidemment toujours défendu. Ils ne comptent d’ailleurs pas s’arrêter là : les entreprises ne sont à ce jour pas forcées de respecter la charte, mais cela pourrait bien changer dans les années à venir. Car si le bilan d’étape de la charte – organisé d’ici un an – se révèle positif, les nationalistes corses comptent bien l’imposer plus globalement : “Ce n’est qu’une première étape. La charte aura un caractère contraignant lorsqu’elle fera l’objet de protocoles signés entre les entreprises et les syndicats”, a ainsi déclaré Jean-Guy Talamoni aux Échos.