Les citoyens de cinq de ses États membres ne pouvant voyager sans visa aux États-Unis, l’Union européenne envisage d’imposer aux Américains voulant visiter le Vieux Continent l’obligation d’avoir un visa, au nom de la réciprocité.
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Alors qu’un chercheur français d’origine égyptienne a témoigné du calvaire vécu par ceux qui sont arrêtés à leur arrivée aux États-Unis en cette ère du président Trump, les législateurs du Vieux Continent s’apprêtent eux aussi à rendre la tâche difficile à certains voyageurs… Et ce sont les Américains qui sont concernés.
Dans un communiqué de presse publié le 2 mars, le Parlement européen déclare avoir adopté une “résolution visant à exhorter la Commission européenne à prendre les mesures juridiques nécessaires” afin de “réintroduire temporairement une obligation de visa pour les citoyens des États-Unis”.
En cas d’adoption par la Commission, la résolution devrait prendre effet au plus tard en mai prochain, juste au début de la saison touristique. Actuellement, les voyageurs américains peuvent circuler librement dans tout l’espace Schengen jusqu’à 90 jours. Réciproquement, les touristes venant des pays membres de l’Union européenne (UE) sont censés pouvoir entrer sur le territoire américain – via la plateforme ESTA (le Système électronique d’autorisation de voyage, en français) – et y rester pour la même durée.
12 millions de voyageurs concernés
Néanmoins, dans les faits, ce système met à l’écart cinq pays : la Croatie, Chypre, la Bulgarie, la Roumanie et la Pologne, dont les habitants doivent faire une demande de visa pour visiter les États-Unis. Or, comme l’expliquent les parlementaires européens :
“Selon le mécanisme de réciprocité de visa, si un pays tiers ne lève pas l’obligation de visa dans un délai de 24 mois après avoir été notifié de la non-réciprocité, la Commission européenne doit […] suspendre l’exemption de visa pour les citoyens de ce pays pour une durée de 12 mois. À la suite de la notification de non-réciprocité le 12 avril 2014, la Commission aurait dû réagir avant le 12 avril 2016, mais elle n’a encore pris aucune mesure juridique.”
Filiz Hyusmenova, députée bulgare et vice-présidente de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), a tenu à souligner que “le non-respect du mécanisme de réciprocité affecte au moins 14 % des citoyens de l’UE [dont] certains citoyens ayant une double nationalité”.
Certains Européens déplorent déjà que la mise en place de cette nouvelle restriction puisse avoir des conséquences sur le marché du tourisme. Rien qu’en 2016, 17,3 % des Américains qui sont partis en vacances à l’étranger ont choisi l’Europe, ce qui représente plus de 12 millions de visiteurs.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet