Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a rendu son rapport pour l’année 2017, et note un recul des actes islamophobes. Un constat qu’il faut néanmoins nuancer.
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Jeudi 12 avril, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a publié son rapport annuel sur l’islamophobie, et ce dernier est plutôt encourageant puisque, “en 2017, c’est 446 actes islamophobes qui ont été signalés au CCIF. En variation annuelle, ces derniers reculent de près de 21,7 %”.
Toutefois, ce constat optimiste est à nuancer, indique la directrice du collectif, Lila Charef. En effet, “la baisse du nombre d’actes islamophobes ralentit, elle atteignait -35,9 % en 2016”. De plus, comme elle le souligne, “l’islamophobie est un racisme genré” : “69 % des actes islamophobes et 85 % des agressions avec plus de 8 jours d’ITT concernent des femmes”, explique-t-elle.
Les rédacteurs du rapport ont vu l’apparition d’un nouveau phénomène, la dénonciation jugée “calomnieuse” pour causer du tort à quelqu’un de son entourage, qui serait devenue monnaie courante :
“Fait majeur en 2017, les dénonciations calomnieuses ont des conséquences désastreuses sur le quotidien des victimes. Pour discréditer un·e conjoint·e dans une procédure de divorce, pour se venger d’un voisin, on le dénonce aujourd’hui aux autorités pour ‘radicalisation’.
Ce phénomène de délation touche également les services publics avec des médecins, des PMI ou encore des écoles qui privilégient les signalements arbitraires au dialogue.”
“Des gens comme vous, j’en veux pas chez moi”
Le rapport relate ensuite plusieurs cas d’islamophobie évidente, comme celui de Monsieur B., qui s’est vu refuser un poste en Gironde dans le domaine de l’optique, “sauf s’il accept[ait] de se raser la barbe comme condition préalable”. Ou encore deux clientes voilées qui se sont vues refuser l’entrée d’un restaurant au motif que “les musulmans sont tous des terroristes”. “Des gens comme vous, j’en veux pas chez moi”, leur a objecté le gérant.
Plusieurs préconisations pour l’année à venir sont listées en fin de rapport, comme “reconnaître l’islamophobie comme une forme spécifique de racisme et en faire une cause nationale”, “lancer une campagne de formation destinée à l’ensemble de la communauté éducative, sur le concept de laïcité et sur les discriminations religieuses à l’école” ou encore “réformer le système actuel de saisie des plaintes”.
Enfin, une typologie des actes islamophobes permet d’observer que les plus courants sont les discriminations, loin devant les discours de haine, les dégradations et les agressions physiques :