Depuis cinq étés, le Voyage à Nantes vient chahuter la Cité des ducs de Bretagne. À dos d’éléphant géant, le long d’une ligne verte ou à pieds joints sur une lune molle, cette visite de la ville de Nantes est devenue un évènement culturel incontournable. D’œuvres pérennes en installations éphémères, tour d’horizon du Voyage à Nantes 2016.
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Dirigé par Jean Blaise, grand ponte de la culture nantaise (également responsable des Nuits blanches parisiennes), le Voyage à Nantes propose un parcours culturel et décalé, et invite Nantais et touristes à suivre une ligne, verte, tracée sur les pavés. Chaque été depuis 2012, elle dévie un peu, nous faisant découvrir les entrailles artistiques, le patrimoine culturel de Nantes et de nouvelles œuvres imaginées par des artistes de tous horizons. Parmi les 54 étapes du parcours 2016, voici nos 5 installations préférées.
Résolution des forces en présence, Vincent Mauger
Créée en 2014 sur la place du Bouffay par Vincent Mauger, cette Résolution des forces en présence a depuis rejoint les berges de la Loire. Inquiétante structure composée de longs pieux de bois fixés à une matrice centrale, l’œuevre pique la curiosité : est-ce une machine de guerre tout droit venue du Moyen Âge ou le squelette d’un animal gigantesque ? Visible, le principe d’assemblage permet au spectateur de s’imprégner de la structure, qui symboliserait notre représentation mentale de notre existence dans le monde… Œuvre phare du Voyage à Nantes, on la retrouve sur l’affiche de la 5e édition.
L’Inconnu me dévore, Le Gentil Garçon
Pénétrer le palais Dobrée, investir ses couloirs, y installer son travail et des œuvres issues des collections de trois musées nantais (le musée Dobrée, les Beaux-Arts et le Muséum d’histoire naturelle), c’est le privilège qu’a eu Le Gentil Garçon.
“J’ai été intrigué par une phrase inscrite en breton ancien sur la tour du palais, qui signifie ‘l’inconnu me dévore’. Ça a été le point de départ de l’exposition, cette phrase et la curiosité.”
Le Gentil Garçon habite le musée fantôme, joue avec les transparences, les ombres, la lumière. Là, des bras sortent des murs pour éclairer une galerie, ici, une pièce dérobée digne de Sherlock Holmes, ailleurs encore, un inquiétant visage, composé de 111 miroirs brisés, nous prédit 777 ans de malheur. Troublante et fascinante, l’exposition fait redécouvrir aux Nantais ce trésor trop souvent fermé aux visites qu’est le palais Dobrée et interroge les limites entre le connu et l’inconnu.
Le Nid, Jean Jullien
S’il est le refuge d’un immense oiseau blanc, Le Nid est aussi un bar, imaginé pour la première édition du Voyage à Nantes en 2012 par Jean Jullien. Incontournable depuis ! L’oiseau, dont le corps fait office de comptoir, à moitié endormi, veille sur la ville du haut du 32e étage de la tour de Bretagne. Des coquilles d’œufs deviennent les fauteuils d’où l’on contemple Nantes la nuit, avec un panorama à 360 degrés. Cet été, Jean Jullien (auteur du symbole “Pray for Paris” partagé lors des attentats de 2015) revient à Nantes avec Recyclage, des affiches installées dans la ville.
Évasion urbaine, Benedetto Bufalino
Benedetto Bufalino s’amuse à détourner de leur fonction des objets du quotidien en créant des situations loufoques. Pour se moquer de l’hyperconnectivité de nos vies urbaines, une cabine téléphonique des années 1980 réapparaît dans la ville et se transforme en aquarium géant. Le temps du Voyage, au détour du passage Sainte-Croix, à la fois cachée et visible, l’étonnante cage de verre accueille de nombreux poissons aux couleurs exotiques, comme une invitation à l’évasion. S’éloigner du quotidien morne en ajoutant vie et couleur, changer le regard que l’on porte sur un objet que l’on ne voit même plus, tant il semble désuet et intégré à la ville, c’est là l’objectif de l’œuvre Évasion urbaine.
Undercurrent, HeHe
Le collectif HeHe, composé d’Helen Evans et Heiko Hansen, interroge nos besoins en ressources énergétiques. Avec cette structure à échelle quasi réelle, comme tombée dans les douves du château des ducs de Bretagne, HeHe oppose l’adoration du public pour le patrimoine de la ville à sa réticence face aux objets de l’industrie, d’habitude dissimulés. Pourtant, ces pylônes distribuent l’énergie, même renouvelable, dont nous avons besoin. “HeHe questionne : quelle valeur esthétique accorderons-nous à ces objets dans quelques années ?”, explique Marie Dupas, chargée de projet du Voyage à Nantes. Soudain, l’œuvre se met à grésiller, comme encore en état de marche bien qu’immergée dans les douves. Vision apocalyptique ?
À faire aussi :
L’Arbre à basket, le Skate Ô Drome, Ping Ponk Park, On va marcher sur la lune, La Cantine, Estuaire, Le Voyage dans le Vignoble, La Nuit bretonne, Les Écoutilles, Maker Faire…
Article écrit par Auriane Hamon