Le nouveau dircom de la Maison-Blanche supprime les tweets où il critiquait Trump

Le nouveau dircom de la Maison-Blanche supprime les tweets où il critiquait Trump

Quand le passé refait surface, Anthony Scaramucci appuie sur la touche “effacer”. Mais twittos et journalistes sont là pour lui rappeler ses écrits.

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Cachez ces tweets que je ne saurais voir. Avant de devenir le directeur de la communication de Donald Trump, Anthony Scaramucci, financier et patron d’un fonds d’investissement, n’était pas le plus chaud de ses partisans. Loin de là. Et certains de ses tweets, supprimés mais “screenshotés” par des internautes méticuleux, sont là pour nous le rappeler. “Les murs ne fonctionnent pas. Ils n’ont jamais marché et ne marcheront jamais. Rappelez-vous le mur de Berlin”, écrivait-il en 2015. Aujourd’hui, Anthony Scamarucci est chargé de défendre bec et ongles le projet de mur entre les États-Unis et le Mexique. Mieux, il assure désormais que l’agenda du président des États-Unis “sert le peuple Américain”.

Un grand écart complètement assumé : “Transparence totale : j’efface mes vieux tweets. Mes opinions ont évolué et mes anciens tweets ne doivent pas gêner. Je sers l’agenda du président et c’est tout ce qui compte”, a-t-il déclaré le 22 juillet, toujours sur Twitter.

Il n’empêche que ces multiples retournements de veste font tache. Donald Trump sort de l’accord de Paris sur le climat et nie jusqu’à l’existence du réchauffement climatique ? “Le fait que de nombreuses personnes considèrent le changement climatique comme un hoax est désolant”, assénait Anthony Scamarucci en mars 2016. Le nouveau président des États-Unis remet en cause le financement des ONG pro-avortement ? “Pour le mariage gay, l’avortement ou contre la peine de mort. Je suis pour l’inclusion sociale”, écrivait son nouveau dircom en 2012. Donald Trump serait le président le plus pro-gun de l’histoire moderne ? Anthony Scaramucci déclarait en 2012 que “les États-Unis représentent 5 % de la population mondiale et possèdent 50 % des armes du monde. Appliquer plus de contrôle relève du bon sens”.

Girouette

Pire, le nouveau directeur de la com de la Maison-Blanche a un temps soutenu… Hillary Clinton, concurrente malheureuse de Donald Trump pendant la dernière présidentielle américaine. “J’espère qu’elle se présentera en 2016, elle est incroyablement compétente”, assurait-il en 2012. Quatre ans plus tard, Donald Trump en prenait à nouveau pour son grade : selon Anthony Scaramucci, le candidat milliardaire, qui était alors bien parti pour remporter l’investiture du parti républicain, n’était que l’expression d’une “démagogie débridée”. Une déclaration faite à l’occasion d’une interview à FoxBusiness, que CNN s’est fait un plaisir de relayer ce week-end :

“Si un populiste l’emporte lors des primaires, ce qui semble de plus en plus probable, le parti devra faire face à une défaite écrasante lors de l’élection présidentielle, ou alors, aura une nouvelle identité, méconnaissable. […] Appelez ça, si vous le voulez, une restructuration de la dette morale, en partie causée par le comportement imprudent d’un homme qui sait une ou deux choses sur la faillite.”

Lors de la première conférence de presse de M. Scaramucci, le 21 juillet, les journalistes ne se sont évidemment pas gênés pour l’interroger sur ces déclarations profondément contradictoires avec son nouveau poste. Donald Trump lui en parle-t-il ? “Toutes les 15 secondes. C’était l’une de mes plus grosses erreurs, j’étais inexpérimenté en politique et supportais un autre candidat. Je n’aurais jamais dû dire ça. Monsieur le président si vous m’écoutez, je m’excuse une quinzième fois pour avoir dit tout ça.” Bromance en vue ?

Il y en a en un, en tout cas, qui n’a pas apprécié la nomination d’Anthony Scamarucci à la direction de la communication de la Maison-Blanche. Vendredi 21 juillet, on apprenait que Sean Spicer démissionnait de son poste de porte-parole, alors qu’il occupait également le poste de dircom en parallèle. La fin de six mois de vannes et d’approximations. Sniff. Il avait lui-même pris la suite de l’éphémère directeur de la communication Mike Dubke, qui avait claqué la porte au mois de mai, poussé à bout.

Celui qui remplace Sean Spicer adopte un style radicalement différent. Sourire de rock star, ton mielleux et bons mots distillés à droite à gauche, Anthony Scaramucci joue la complicité avec le parterre de journalistes qui lui fait face. Lorsqu’on lui demande si les caméras seront à nouveau autorisées lors des points presse (Sean Spicer avait rageusement décidé de les interdire), le nouveau porte-parole assure qu’il n’y est pas opposé, “mais il faudra voir avec le président” et la porte-parole. Bref, celui qui se dit “habitué à gérer les frictions” choisit la carte de l’apaisement. Bon courage.