Le mode d’emploi des élections législatives en 5 points

Le mode d’emploi des élections législatives en 5 points

#1. Où, qui, quand et comment ?

Les élections législatives auront lieu les dimanches 11 et 18 juin prochains en France métropolitaine. Les bureaux de vote seront ouverts de 8 à 18 heures, jusqu’à 20 heures dans certaines grandes villes. Pour les habitants des DOM-TOM et les Français résidant à l’étranger, le vote du premier tour aura lieu le samedi 3 juin en Polynésie française et dans les ambassades d’Amérique, le dimanche 4 juin dans les autres ambassades partout dans le monde et le samedi 10 juin en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à Saint-Barthélemy, à Saint-Martin et à Saint-Pierre-et-Miquelon. Pour le second tour, le scrutin sera organisé le samedi 17 juin dans tous les DOM-TOM et ambassades.
Comme pour toutes les élections, il suffit d’être majeur, d’avoir la nationalité française, de ne pas avoir été déchu de ses droits civiques et d’être inscrit sur les listes électorales. Pour les personnes ne pouvant se déplacer dans leur bureau de vote et qui avaient établi une procuration pour la présidentielle, si vous avez coché la case “valable un an”, vous n’avez rien à faire, votre procuration sera toujours valable pour les législatives. Si vous avez coché la case “valable pour cette élection”, vous devez refaire une autre procuration.
Les élections auront lieu dans les 577 circonscriptions électorales du pays (soit 539 en France métropolitaine, 27 dans les départements et collectivités d’outre-mer et 11 pour les Français de l’étranger). Au total, elles représentent chacune environ 125 000 habitants par circonscription.

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#2. Quel mode de scrutin ?

Les élections législatives n’ont pas le même mode de scrutin que la présidentielle. Si un candidat remporte plus de 50 % des suffrages exprimés et un nombre de voix au moins égal à 25 % des électeurs inscrits, il est directement élu (ce qui n’arrive jamais). Les deux candidats arrivés en tête peuvent se maintenir au second tour, ainsi que les suivants s’ils ont obtenu au moins 12,5 % des voix des électeurs inscrits (et non des exprimés).
Au deuxième tour, trois ou quatre candidats peuvent donc encore être en lice. C’est pour cela que certains partis ou candidats se retirent au profit du candidat arrivé en tête au premier tour dans un jeu d’alliances. On a ainsi déjà vu des candidats du centre se retirer pour aider la droite à battre la gauche ou des écologistes sortir de la course pour laisser passer le Parti socialiste (PS). Cette année, certains ont déjà annoncé vouloir faire barrage au Front national, à l’image de Christophe Castaner de La République en marche (LRM) et François Baroin des Républicains (LR) qui appellent au “front républicain”. Au second tour, comme pour la présidentielle, c’est celui qui arrive en tête qui est élu. En cas d’égalité parfaite (ce qui n’arrive jamais non plus), c’est le plus âgé qui est élu.

#3. Qui sont les candidats ?

Tenez-vous bien, en 2017, ils sont 7 882 à être candidats au premier tour des élections législatives, soit près de 14 par circonscription. Un candidat peut se présenter dans n’importe quelle circonscription, même s’il n’y est pas inscrit. C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon a atterri à Marseille, alors qu’il est inscrit dans la 8e circonscription de Paris (10e arrondissement). Pour pouvoir bénéficier d’une aide financière publique, les candidats doivent faire une déclaration de rattachement à un parti ou un groupement politique, d’où les guerres d’appareils entre, par exemple, la France insoumise (FI) et le Parti communiste (PCF).
 
 
Concernant les grands partis du pays, la liste publiée par le ministère de l’Intérieur dévoile que 461 candidats apparaissent sous l’étiquette de la République en marche, 76 sont du MoDem, 480 des Républicains, 414 du Parti socialiste, 571 du Front national, 556 de la France insoumise et 388 de Debout la France (DLF). Parmi les candidats, 3 344 sont des femmes, soit près de 43 %, et 4 538 des hommes. Une augmentation évidente du nombre de candidates due à une loi d’août 2014 qui double les pénalités financières infligées aux partis qui présenteraient moins de 50 % de femmes.

#4. Combien gagne un député ?

Celui ou celle qui sera élu.e député.e de sa circonscription touchera un salaire brut mensuel de 7 209,74 euros, ce qui comprend 5 599,80 euros d’indemnité de base, 1 441,95 euros d’indemnité de fonction et 167,99 euros pour sa résidence. En plus de l’indemnité parlementaire, chaque député touche 5 840 euros brut mensuels pour couvrir les dépenses liées à l’exercice de ses fonctions. Il dispose également d’une enveloppe de 9 618 euros pour rémunérer ses assistants et attachés parlementaires. Nous avons une petite pensée pour François Fillon, qui n’est pas candidat à ces élections législatives, estimant qu’il n’en a “plus la légitimité”.

#5. À quoi ça sert ?

Les élections législatives permettent d’élire les députés qui siègent à l’Assemblée nationale, dans l’enceinte du palais Bourbon, à Paris. C’est là que les lois sont débattues, amendées, puis votées. Au quotidien, le gouvernement a besoin d’une majorité absolue pour pouvoir pleinement gouverner. Pour ce faire, il faudrait que La République en marche (LRM), le mouvement d’Emmanuel Macron, remporte 289 sièges de députés sur 577. Si ce n’est pas le cas, le président de la République et son gouvernement auront du mal à mener à bien les réformes qu’ils souhaitent initier.

Dans de très rares cas, l’Assemblée nationale a le pouvoir de renverser le gouvernement. Pour ce faire, elle peut voter une motion de censure. Si les députés votent en faveur de celle-ci à la majorité absolue, le Premier ministre est contraint de présenter sa démission au président de la République, mais celui-ci n’est cependant pas obligé de l’accepter.
Si un autre parti ou groupe politique obtient la majorité des voix lors des législatives, on parle alors de cohabitation, ce à quoi rêve Jean-Luc Mélenchon pour la France insoumise. C’est ce qui s’est passé en 1986, lorsque François Mitterrand a dû désigner Jacques Chirac Premier ministre, puis, en 1993, Édouard Balladur. La dernière cohabitation en France eut lieu entre 1997 et 2002. Le président Jacques Chirac (RPR) avait nommé à Matignon Lionel Jospin, le premier secrétaire du Parti socialiste, après la victoire de la gauche aux législatives anticipées.
Possible cohabitation, poids politique du Front national sur les bancs de l’Assemblée, nouveau mouvement (LRM) qui se présente comme étant la majorité présidentielle, mort annoncée du Parti socialiste et une formation Les Républicains boiteuse, les enjeux de ces élections législatives sont multiples et les résultats pour le moins décisifs et imprévisibles.