Un profil progressiste
Ilhan Omar a fui la Somalie, alors ravagée par la guerre civile, lorsqu’elle était enfant. Avant d’arriver aux États-Unis, la nouvelle législatrice a vécu quatre ans dans un camp de réfugiés au Kenya. Elle est arrivée dans le Minnesota en 1997. Et aujourd’hui, elle est la première femme somalienne et musulmane à obtenir un poste dans une Chambre des représentants locale. Pour rappel, chaque État des États-Unis d’Amérique possède une branche exécutive (avec un gouverneur), ainsi qu’une branche législative avec un Sénat et une Chambre des représentants, et enfin une branche judiciaire.
Les membres de la Chambre des représentants (ou l’Assemblée) sont en général élus pour deux ans. Ils ont le pouvoir d’initier des législations fiscales et de lancer les procédures d‘impeachment (procédure de destitution d’un haut-fonctionnaire). Ses membres sont appelés les législateurs d’État : c’est à ce poste qu’Ilhan Omar a été élue le mardi 8 novembre.
Ilhan Omar a un très long parcours militant. C’est avec son grand-père qu’elle commence à faire du porte-à-porte et à coller des affiches. Elle s’investit réellement en politique à l’âge de 14 ans. Ilhan Omar est aujourd’hui élue sous la bannière du Parti démocrate. Son grand succès a été de mobiliser sa communauté, ainsi que l’électorat intellectuel du district. L’élue a basé sa campagne sur des frais universitaires plus abordables, la poursuite de la réforme de la justice, l’égalité économique et une énergie propre. Sa vision de l’Amérique : liberté et justice pour tous.
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Défaite de Trump au Minnesota
Le Minnesota vote pour le Parti démocrate depuis 1972, même si la marge tenue par le président Obama s’est réduite en 2012. L’État avait choisi Bernie Sanders à la primaire démocrate. Ce n’est donc pas vraiment un hasard si Ilhan Omar a été élue, la région de Minneapolis-Saint Paul accueillant la plus grande communauté somalienne aux États-Unis. D’après un récent recensement, 32 000 personnes d’origine somalienne vivent à Minneapolis. C’est cette communauté que Donald Trump avait visée lors d’un meeting pendant sa campagne, en tentant d’animer les tensions entre les habitants.
Le nouveau président des États-Unis avait alors accusé les réfugiés somaliens d’être un “désastre” pour le Minnesota. Il les a même suspectés de “rejoindre Daech” et de “diffuser leurs vues extrémistes” parmi les habitants. Ce discours plein de haine n’a heureusement pas accroché au Minnesota. La victoire d’Ilhan Omar en est d’autant plus symbolique et elle en reconnaît le caractère historique. Elle incarne un espoir : celui que l’équilibre des pouvoirs dans chaque État ne laisse pas Donald Trump seul aux manettes.