Le CSA ouvre une enquête après la diffusion sur Canal+ d’un publireportage sur le Togo

Le CSA ouvre une enquête après la diffusion sur Canal+ d’un publireportage sur le Togo

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Par Astrid Van Laer

Publié le

“Dans son engagement pour demain, le Togo peut aussi s’appuyer sur sa stabilité. Stabilité économique mais aussi une stabilité politique qui sécurise tout le pays et encourage des investissements venus du monde entier.
C’est le pari du président togolais Faure Gnassingbé.”

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Le reportage, diffusé très tôt le matin, n’est pas signé. Comme l’expliquent Les Jours, il s’agit d’“une vidéo retransmise en catimini aux petites heures de la matinée sans titre, ni générique, sans introduction, ni signature”. Disparu du site de replay de Canal+, il faut se rendre sur le site du média Les Jours pour pouvoir le regarder.
On découvre alors une véritable pub sur le Togo. Or il se trouve que Vincent Bolloré dispose d’intérêts financiers dans le pays : il y possède notamment un cinéma, Canal Olympia, qu’il a inauguré lui-même en novembre dernier, et gère un port de la capitale. Dans ce reportage on entend la voix off expliquer qu’Internet “arrive désormais partout” grâce à “de vastes installations de panneaux solaires”.
Il suffit alors de taper les mots “Bolloré + solaire + Togo” sur Google et l’on tombe directement sur une rubrique intitulée “L’engagement Bolloré” sur le site Togo2030. On découvre que tout le processus de dotation de panneaux solaires au Togo est financé par le groupe Bolloré.

Un “pur hasard”

Par conséquent, lorsque l’on entend un professeur expliquer dans cette publicité que “l’arrivée des panneaux solaires à l’école a changé beaucoup de choses. [Avant], on travaillait seulement lorsqu’il faisait jour”, on se dit qu’il ne s’agit pas vraiment de propos recueillis par la chaîne de manière objective et le mot “publireportage” auquel Les Jours ont recours ne fait plus de doute.
Le directeur des programmes de Canal+, Franck Appietto, a tenté de défendre cette diffusion en expliquant que la volonté de la chaîne était de faire un “journal de bonnes nouvelles”. Interrogé au sujet de la société de production de ce mini-film, il est resté muet, bottant en touche en expliquant qu’il s’agissait simplement du“pilote d’une future collection consacrée aux ‘initiatives positives'”.
Selon ce dernier, Vincent Bolloré n’était pas au courant de cette production et le choix du pays est un “pur hasard”. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a tout de même ouvert une instruction pour déterminer s’il fallait sanctionner ou non la chaîne pour ce malheureux et très rentable “hasard”.
Enfin, on rappelle qu’il ne s’agit pas de la première fois qu’un conflit d’intérêts de la sorte est mis au jour : lorsque l’émission “L’Effet papillon”, diffusée sur Canal+, avait réalisé un reportage critique sur le Togo et qui évoquait l’opposition à l’actuel Président togolais Gnassingbé, les personnes qui avaient ordonné sa rediffusion sur Canal+ International s’étaient vues licenciées manu militari par la direction.

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