Le chef d’état-major des armées Pierre de Villiers rend les armes après son altercation avec Emmanuel Macron

Le chef d’état-major des armées Pierre de Villiers rend les armes après son altercation avec Emmanuel Macron

Mercredi 19 juillet, le chef de l’état-major des armées, Pierre de Villiers, a présenté sa démission à Emmanuel Macron. Ce dernier l’a acceptée, dans un contexte tendu, après plusieurs jours de guerre ouverte entre les deux hommes au sujet du budget alloué à la Défense.

À voir aussi sur Konbini

Mercredi 19 juillet, Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, a présenté sa démission au président de la République, démission que ce dernier a acceptée, comme l’a écrit le général, en poste depuis 2014, dans un communiqué transmis à Reuters :

“Je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays.

Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au président de la République, qui l’a acceptée.”

Pierre de Villiers avait pourtant été renouvelé le 30 juin dernier pour une période d’un an, mais cela était sans compter la survenue d’une polémique avec le président de la République. Cette démission advient en effet après plusieurs jours de vives tensions entre les deux hommes. Après que, le 11 juillet dernier, le gouvernement a demandé au ministère des Armées de réaliser des économies à hauteur de 850 millions d’euros, le chef d’état-major avait exprimé plusieurs réserves. Devant le refus du gouvernement, d’abord en conseil de défense puis devant l’Assemblée nationale, de revenir sur ces importantes coupes budgétaires, Pierre de Villiers avait vivement réagi, déclarant : “Je ne me laisserai pas baiser comme ça” et avait publié une lettre ouverte, intitulée “Confiance”.

Une remise en cause des ordres de l’exécutif qui avait donné lieu à une mise au point publique en bonne et due forme de la part du président de la République. À l’occasion de son discours à l’hôtel de Brienne le 13 juillet dernier, il avait fermement rappelé “je suis votre chef”, réaffirmant la supériorité de son autorité de chef d’État :

“Je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique. J’ai pris des engagements. Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir. Et je n’ai, à cet égard, besoin de nulle pression et de nul commentaire.”
 

“Choisir d’être militaire, c’est accepter de ne plus s’appartenir”

Dans la foulée de sa démission, Pierre de Villiers a publié une lettre sur son compte Facebook, comme il a coutume de le faire chaque semaine, où il écrit : “choisir d’être militaire, c’est accepter de ne plus s’appartenir, tout à fait.” Intitulé “Départ”, ce courrier rappelle ce qu’il considère comme son mot d’ordre. Il y fait valoir son indépendance, indiquant “Je vaux ce que je veux !” :
“L’heure du départ est arrivée, plus rapidement que prévu. Cela ne vous étonnera pas, vous dont l’imprévu est le pain quotidien. Depuis le premier jour, nous avons appris à avoir, avec nous, un sac prêt pour partir ‘au coup de sifflet bref’. Choisir d’être militaire, c’est accepter de ne plus s’appartenir, tout-à-fait. […]
 
Nous sommes porteurs de convictions qui nous font avancer. Sortir de sa zone de confort, c’est s’exposer, mais c’est aussi se révéler ; à soi-même, pour commencer.Je vaux ce que je veux !’.”
Pierre de Villiers sera remplacé par François Lecointre, un quinquagénaire passé par la Marine avant d’atterrir en cabinets ministériels, notamment auprès de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. Il a été nommé par la ministre des Armées, Florence Parly, qui n’aurait proposé qu’un seul nom pour ce poste, selon les dires d’une source à RTL, qui a précisé qu’il n’y avait “pas eu d’hésitation sur le profil”.

À lire -> “Je suis votre chef” : quand Macron rappelle à l’ordre les militaires