L’administration Trump rédige un mémo anti-fuites médiatiques… qui fuite immédiatement

L’administration Trump rédige un mémo anti-fuites médiatiques… qui fuite immédiatement

Le document de quatre pages, adressé au secrétaire d’État Rex Tillerson, alerte sur les dangers des fuites au sein de l’administration. À raison.

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Entre l’administration Trump et la presse, la rupture est désormais consommée. Alors que le président vient d’annoncer qu’il ne participerait pas au traditionnel dîner des correspondants de la Maison-Blanche, que des médias comme le Guardian, le New York Times, CNN ou la BBC sont désormais interdits d’accès aux briefings de la présidence et qu’il ne passe plus un jour sans que le chef d’État n’hurle aux “fake news” et à la désinformation des grands médias de son pays, l’information américaine vit des heures étranges. D’autant qu’au sein même de l’administration, certains continuent d’abreuver ces médias honnis de fuites anonymes, ce qui agace énormément le président.

Mi-février, le conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn démissionnait après la fuite du contenu de sa rencontre avec des agents du FBI, qui lui reprochaient des contacts un peu trop étroits avec le gouvernement russe. Le 23 février, CNN révélait que Reince Priebus, secrétaire général de la Maison-Blanche, avait pris contact avec un agent du FBI pour l’encourager à contre-attaquer un article du New York Times au sujet des liens entre Trump et le FSB (les services secrets russes). Une vague de fuites dangereuse pour le président, qui s’en est pris directement (sur Twitter) à ses services de renseignement, critiquant leur “incapacité à trouver les informateurs au sein du FBI lui-même” et concluant son invective par “TROUVEZ-LES MAINTENANT”, dans son style caractéristique.

L’administration est une passoire

L’administration Trump est donc entrée en guerre contre les fuites. Il y a quelques semaines, le département d’État a ainsi fait passer un mémo de quatre pages au secrétaire d’État Rex Tillerson pour l’avertir des dangers liés à la fuite de documents internes. Titré “SBU : Protecting Privileged Information” (“SBU” signifiant ici “sensible mais déclassifié”), le document met l’accent sur les risques posés par les fuites internes, qui “refroidit la bonne volonté des représentants du gouvernement de demander des conseils robustes et francs” au Département d’Etat.

Le mémo encourage également les employés en désaccord avec la politique de leur administration à utiliser les canaux officiels de doléance, notamment via la “chaîne de la discorde”, sorte de boîte à idées anonyme… utilisée par un millier d’employés fin janvier pour protester contre le décret anti-musulmans du président. Comment avons-nous accès à toutes ces informations censées rester internes au département d’État ? Tout simplement parce que l’administration Trump est une vraie passoire. De fait, le mémo anti-fuite du 20 février atterrissait dans la boîte mail de Josh Rogin, journaliste au Washington Post… le 24 février. Pour le moment, la stratégie ne fonctionne pas, et on peut donc s’attendre à d’autres révélations dans les mois à venir.