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La Voix du Nord stoppe le procédé de relecture des interviews par les politiques

La Voix du Nord stoppe le procédé de relecture des interviews par les politiques

Par Astrid Van Laer

Publié le

“Nous mettons donc fin aujourd’hui à cette pratique, ce qui conduira à enregistrer les entretiens et à les restituer fidèlement dans leur contexte.
Nous avons bien conscience que vous trouverez désormais moins d’interviews de personnalités politiques dans ces pages et sur nos sites mais nous pensons devoir cette indépendance aux lecteurs qui nous font confiance.”

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Pour Cécile Duflot, ça peut conduire à une “aseptisation de la politique”

Si la décision a été saluée par de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux, le chef du service politique du Monde, Nicolas Chapuis, a souhaité nuancer le discours de La Voix du Nord. Selon lui, le concept de relecture par les politiques ne peut pas se résumer à une forme de “soumission” :

“L’idée originale de la relecture, c’est d’éviter les contresens dus à ces multiples coupes, pour éviter de faire dire à la personne quelque chose qu’elle ne pense pas, ce qui est préjudiciable pour tout le monde : la personne, le journaliste, le lecteur.”

Pour ce dernier, la solution réside dans l’acceptation d’“une relecture qui n’est pas une réécriture” c’est-à-dire “refuser les corrections trop lourdes, et s’il faut en arriver là : refuser la publication d’une interview dont le sens a été modifié”, évoquant alors la nécessité d’avoir des supérieurs hiérarchiques “solides”.
La députée Europe-Écologie Les Verts de la 6e circonscription de Paris, Cécile Duflot, a réagi sur son compte Twitter. Selon elle également, le processus de relecture n’est pas à bannir. Selon l’élue, sa suppression laisserait aux politiques “une seule solution” à savoir “être une machine froide, pas un mot en dehors des ‘éléments de langage’ posés devant toi” qui pourrait conduire à une “aseptisation de la politique” :

“Relire sa propre interview, c’est donc s’assurer que ses idées ne sont pas dénaturées par les raccourcis, qu’on n’a pas ôté un pan d’un raisonnement. L’argument de fond en ne laissant que le second, beaucoup plus ‘popol’ par exemple.
Donc ce n’est pas a priori condamnable. Évidemment il ne s’agit ni de dire le contraire de ce que l’on avait dit ni d’inventer des réponses. Mais parfois quand tu vois l’énergie que tu as mise à parler de sujets importants et qu’il ne reste que les remarques superficielles.”

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