La lettre du gouvernement distribuée aux migrants évacués du camp du Millénaire

La lettre du gouvernement distribuée aux migrants évacués du camp du Millénaire

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(© Ian Brossat via Twitter)

Plus de 1 000 personnes ont été évacuées dans la matinée.

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Sur un air de déjà-vu, les forces de l’ordre ont lancé mercredi 30 mai l’évacuation du campement de migrants du Millénaire, sur les berges du canal Saint-Denis, à Paris. La 35e opération de ce genre depuis 2015 dans la capitale. Plus de 1 000 personnes ont été évacuées dans la matinée.

Quelque 1 700 exilés, principalement du Soudan, de Somalie et d’Érythrée, installés dans des conditions misérables dans des tentes serrées sous le périphérique parisien, y avaient atterri après la fermeture du centre humanitaire de la Chapelle, fin mars.

“Fidèle à notre tradition de terre d’accueil”

Pour orienter les migrants, le ministère de l’Intérieur a fait distribuer une lettre de consigne indiquant les démarches à suivre une fois l’évacuation terminée. L’occasion de tirer un peu la couverture à soi dans ce dossier épineux où s’affrontent l’État et la ville de Paris.

“Fidèle à notre tradition de terre d’accueil et en accord avec les engagements du gouvernement, la France vous propose désormais un hébergement et un accompagnement pour vous aider à sortir de la situation vulnérable dans laquelle vous vous trouvez”, démarre ainsi la lettre distribuée en arabe et en anglais, comme le rapporte un journaliste du Huffington Post présent sur les lieux.

Et de préciser que, quelle que soit la situation des personnes évacuées, le gouvernement s’engage à “fournir” à chaque exilé une place dans un centre d’hébergement “aussi longtemps que [vous aurez] besoin d’évaluer votre situation et d’obtenir des informations adéquates” pour déposer une demande d’asile. Près de 24 structures d’accueil, essentiellement des gymnases, ont été mises à disposition en Île-de-France pour accueillir temporairement ces migrants.

“Que de temps perdu”

Véritable bras de fer entre la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, la question du campement du Millénaire était devenue un symbole de l’impasse migratoire à Paris. Le tout sur fond de durcissement de la politique d’accueil en France après le vote du projet de loi asile et immigration, en avril dernier.

La municipalité reprochait à l’État de ne pas prendre ses responsabilités politiques, et vice-versa, à coups de tacles glissés ces derniers mois. Dernier en date, Gérard Collomb, dans la foulée de l’évacuation, a estimé sur Twitter que l’État mettait “fin à l’anomalie qui conduisait 95 % des personnes mises à l’abri à Paris à être hébergées hors de la capitale.”

Réponse de l’adjoint (PCF) à la maire de Paris, en charge du logement, de l’habitat durable et de l’hébergement d’urgence, Ian Brossat : “Enfin l’État se résout à mettre à l’abri les réfugiés du campement du Millénaire. C’est un soulagement pour eux comme pour les riverains. Mais que de temps perdu du fait de la passivité de @gerardcollomb.”