Suite à une importante fuite de gaz méthane, le gouverneur de Californie a décrété l’état d’urgence mercredi 6 janvier dans la région de Los Angeles.
À voir aussi sur Konbini
La fuite de méthane avait été signalée le 23 octobre dernier dans un puits gazier appartenant à la société Southern California Gas Company (SoCalGas) situé sur le site d’Aliso Canyon, à environ 30 kilomètres au nord-ouest de Los Angeles.
À l’heure où nous rédigeons ces lignes, plus de 80 000 tonnes de gaz se sont échappées depuis le mois d’octobre et les tentatives de colmatage successives du puits sont restées vaines.
Une catastrophe environnementale majeure
Selon les autorités, la fuite dégagerait actuellement entre 30 000 et 58 000 kilogrammes par heure de méthane dans l’air. Soit “l’équivalent de trois quarts des émissions de toutes les raffineries de pétrole de la Californie en un an” selon Stephanie Pincetl, professeure en sciences environnementales à l’université UCLA.
Pour Mitchell Englander, le représentant de la ville de Porter Ranch, particulièrement touchée, cité par le New York Times, cette fuite est “l’équivalent de la marée noire BP, mais sur terre“. Une comparaison terrifiante lorsque l’on se rappelle l’explosion, en 2010, de la plateforme pétrolière off-shore Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, qui reste l’une des pires catastrophes écologique de l’histoire des États-Unis.
Plus de deux mois après le signalement de la fuite par un employé du site d’Aliso Canyon, Jerry Brown, le gouverneur de Californie, a donc décrété l’état d’urgence dans la région, prenant ainsi acte de la menace imminente que représente cette situation.
Une mesure réclamée par les habitants, chez qui la colère monte. Déjà plus de 2 000 familles ont évacué leurs logements, effrayés par l’odeur nauséabonde qui se répand et les effets de l’inhalation du gaz : nausées, maux de têtes violents, saignements de nez, crises de vomissement.
Une riveraine interrogée par le New York Times explique que “c’est comme si vous aviez de la brume dans le cerveau, la sensation de faire un AVC.” Avant de conclure : “À chaque fois que j’y retourne je suis de plus en plus malade.”
La vidéo ci-dessous, publiée par l’ONG Environmental Defense Fund (EDF), datant du 11 décembre dernier, a été filmée à l’aide d’une caméra infrarouge. Elle permet de se rendre compte de l’ampleur de la fuite de méthane, un gaz invisible à l’œil nu, sur le site d’Aliso Canyon :
Le méthane : un gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le CO2
Selon Stephanie Pincetl, de l’UCLA, le méthane est “un gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le CO2 à l’échelle de vingt ans”. Pour le California Air Ressources Board, l’autorité de la qualité de l’air en Californie, cette fuite est si massive qu’elle augmenterait de 25 % la production de gaz à effet de serre sur la côte.
Le site de l’ONG Environmental Defense Fund permet de suivre l’impact de la fuite en temps réel : les 80 000 tonnes de méthane relâchées depuis le 23 octobre dernier représentent l’équivalent de plus de 6 600 000 tonnes de dioxyde de carbone rejetées dans l’atmosphère, ce qui correspond au gaz carbonique dégagé par 7 millions de voitures par jour pendant vingt ans. D’un point de vue financier, le coût de la fuite est pour l’instant estimé à 12 millions de dollars.
Pour l’heure, la société SoCalGaz a annoncé qu’elle faisait le maximum et travaillait 24 heures sur 24, en utilisant une nouvelle technique, afin de colmater la brèche à l’origine de la fuite. Une mission qui s’annonce difficile selon le Los Angeles Daily News et ne serait pas achevée avant le mois de mars, selon les experts de la compagnie, qui n’ont “jamais rien vu de tel”.