Un sujet de reportage qui s’interrompt par saccades, avant de laisser place à un plan montrant le plateau de David Pujadas, envahi de plusieurs dizaines de personnes. La vidéo l’atteste : entre 30 et 40 intermittents protestataires ont envahi le plateau de télévision vers 20h20, ont entouré l’homme-tronc, ont montré des pancartes et déployé une banderole.
C’est aussi ce qu’a indiqué au Parisien Thierry Thuillier, directeur de l’information. Leurs messages, entre autres : “Spectateurs solidaires”, “Pas de culture sans droits sociaux”, “PS, MEDEF, CFDT, FO, Fossoyeurs de la culture”.
“Voilà, petit souci, vous vous en rendez compte avec cette occupation du plateau. Nous rendons l’antenne, nous ne pouvons pas faire ce journal”, bafouille alors David Pujadas avant que le plan ne s’élargisse et contourne la table du plateau afin de rendre illisibles les messages des pancartes brandies par les intermittents en colère.
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“Pas question”
Thierry Thuillier explique ce choix éditorial au journal d’Île-de-France :
Il était impossible de poursuivre le journal et l’antenne a été immédiatement rendue. C’est dommage car c’était un journal important […]. Je ne sais pas comment ils ont pu pénétrer sur le plateau.
Plus raide encore, Eric Monier, directeur de l’information également, condamnait leur attitude. “Il n’est pas question de procéder de cette manière. On ne peut pas se laisser dicter ce que nous passons dans notre journal. Nous nous étions préparés à ça, on ne voulait pas créer un précédent, on a donc décidé d’interrompre le journal“, a-t-il expliqué.
Enquête interne
Ce matin, le site Puremédias apprenait qu’une enquête interne allait être ouverte pour “déterminer comment ont pu être déjouées les mesures normales de sécurité”, qui seront dès à présent “adaptées et renforcées afin de prévenir d’éventuelles nouvelles circonstances au caractère tout à fait exceptionnel”.
Si France 2 se demande encore comment plusieurs dizaines d’intermittents ont pu interrompre le bon déroulement de la grand-messe du 20h, la Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France (CIP-IDF) revendique cette perturbation d’antenne dans un billet posté sur son site.
Le mouvement accompagne cet article d’un texte qui aurait dû être lu sur le plateau du journal si l’antenne n’avait pas été rendue, et dont voici un court extrait :
Nous sommes ici parce que les négociations sur le régime d’assurance-chômage se sont faites sans nous et contre nous. Nous refusons cet accord du 22 mars 2014 conclu entre les organisations patronales et la CFDT, la CFTC et FO.
Les intermittents, “en colère”, protestent contre un projet de Convention Unédic qui, toujours selon eux “aggraverait la précarisation en s’attaquant principalement aux salariés les plus pauvres”. L’Unédic voit cet accord tout à fait autrement : selon l’association de gestion de l’assurance chômage, cet accord est destiné à “sécuriser les salariés”, “lutter contre la précarité”, “encourager et faciliter le retour à l’emploi” et simplifier les “conditions de cumul d’une indemnité avec les revenus d’une autre activité”.
Pour en savoir plus, lisez le projet d’accord sur l’assurance chômage sur la page de l’Unédic, ou encore le compte-rendu d’un tchat entre les lecteurs de Libération.fr et René Solis, journaliste culture du journal.
Antécédents
Depuis ce début d’année, les intermittents du spectacle musclent leur protestation : ils se sont plusieurs fois illustrés en s’introduisant sur des plateaux de télévision, comme sur celui de Cyril Hanouna pour la quotidienne Touche Pas à Mon Poste ou encore le retentissant raté de communication avec Zaz lors des Victoires de la musique.