Allant de la colère à la tristesse, des milliers de jeunes Britanniques ont défilé mercredi à Londres pour protester contre la mort de l’Afro-Américain George Floyd, en profitant pour dénoncer les abus de la police britannique et le racisme camouflé qui sévit selon eux dans leur pays.
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Parmi eux, l’acteur britannique John Boyega, vedette de la dernière trilogie Star Wars, qui a tenu un discours de soutien puissant à ses “frères et sœurs noirs” américains.
“Je vous parle avec mon cœur. Je ne sais pas si j’aurai encore une carrière après ça mais je m’en fous“, a-t-il clamé, forcé de s’interrompre à certains moments, submergé par l’émotion. “La vie des Noirs a toujours compté. On a toujours été importants, on a toujours signifié quelque chose. On a toujours réussi malgré tout.”
“J’ai besoin que vous compreniez à quel point tout ça est douloureux. J’ai besoin que vous compreniez à quel point c’est douloureux que chaque jour, on vous rappelle que votre race ne vaut rien mais ce n’est plus le cas, ça n’a jamais été le cas“, a-t-il ajouté, appelant également à manifester de manière pacifique.
L’acteur a reçu de nombreux soutiens, notamment de la part de l’équipe de Star Wars.
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Armés de leur parapluie contre la bruine et de masques contre le coronavirus, les manifestants ont scandé en chœur le nom de George Floyd avant de s’agenouiller pendant trois minutes.
“C’est un mouvement important”, estime Lisa Ncuka, étudiante de 26 ans interrogée par l’AFP. “Tout le monde devrait être là pour se battre pour l’égalité”, assure-t-elle. “Ce n’est pas seulement le problème des Américains, c’est le problème de tout le monde”.
À côté des panneaux “Make racists afraid again” (“Faites que les racistes aient de nouveau peur”), parodiant le slogan de campagne du président américain Donald Trump voulant rendre à l’Amérique sa grandeur, fleurissent aussi des pancartes sans équivoque : “Le Royaume-Uni n’est pas innocent.”
“Ce n’est peut-être pas aussi grave ici qu’aux États-Unis, mais le racisme qui frappe au Royaume-Uni est en général camouflé”, estime Leyla. À 20 ans à peine, la Londonienne estime avoir déjà “vu beaucoup trop de fois la police abuser de ses pouvoirs pour arrêter et fouiller des personnes noires sans raison”. “C’est un traitement implicite, une sorte de présomption de culpabilité, on présume que vous êtes une menace”, explicite Sharleen, alors que les manifestants se mettent en branle pour rejoindre le centre de Londres, malgré l’interdiction des rassemblements en vigueur en raison de la pandémie.
Chants et tambours à l’appui, le cortège de plusieurs kilomètres se faufile entre les voitures et les célèbres bus rouges à deux étages, recevant un fort soutien de la part des automobilistes, qui répondent aux slogans par des klaxons appuyés. Avant que les esprits s’échauffent et que des incidents éclatent avec la police.
“Contrôle au faciès”
Sous sa pancarte “Trop, c’est trop”, Sharlae, 18 ans, s’insurge : “Mon père, mes frères, mes cousins et moi-même, on devrait pouvoir traverser la rue sans avoir peur d’être tué par la police, alors qu’ils sont censés être là pour nous protéger”. Elle affirme avoir dans sa vie quotidienne “des milliers d’exemples” d’interventions racistes de la police, comme cette fois où elle a vu son petit frère se faire contrôler “au faciès” alors qu’ils allaient simplement chercher du lait à l’épicerie du coin.
Dans un rapport publié en octobre 2015, le cercle de réflexion Runnymede estimait qu’un “racisme systémique et institutionnel” persistait en Grande-Bretagne. Les manifestants espèrent que justice sera rendue pour George Floyd, dont le policier ayant réalisé le placage a été inculpé de meurtre.
Concernant leur propre pays, cette nouvelle génération d’indignés réclame plus de “minorités au Parlement”, des “changements dans les programmes” scolaires pour inclure l’histoire “oubliée” des minorités britanniques et surtout, que les gens moins exposés au racisme s’y éduquent. “Ça ne devrait pas être une histoire de Noirs contre Blancs”, conclut Leyla, “ça devrait être une histoire de tout le monde contre le racisme”.
Konbini avec AFP