Le New York Times publie Inside Raqqa, une visite interactive de la ville syrienne, capitale du territoire occupé par Daech, bombardée par la France.
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Raqqa, 200 000 habitants, est la capitale officieuse de l’organisation Etat islamique depuis sa prise par le Front al-Nosra en mars 2013 et sa récupération, en juin de la même année, par Daech. La ville millénaire, berceau du patrimoine culturel syrien, n’est plus qu’une cible sur les cartes militaires de la coalition.
Les 15 et 17 novembre, en réponse aux attentats de Paris, la France envoie par trois fois ses Rafale bombarder les infrastructures de commande de Daech dans la ville. Bilan: “Six objectifs d’importance” anéantis et 33 morts parmi le contingent djihadiste, selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH). Depuis le 15 novembre, Raqqa symbolise la riposte française et son nom s’est invité dans les médias hexagonaux, sans que personne ou presque ne sache rien de l’état actuel de cette ville.
Les symboles transformés en décors d’exécutions
Le 20 novembre, le New York Times publiait Inside Raqqa, un reportage interactif qui propose une visite aérienne de la ville. En piochant dans les photos et les images satellites fournies par le Centre national d’études spatiales (Cnes) français, le quotidien américain nous emmène en balade dans la capitale de Daech. La macabre visite guidée interactive est rythmée par les témoignages d’habitants, qui décrivent l’amertume du quotidien façonné par l’organisation djihadiste.
De la Vieille Mosquée à la Porte de Bagdad datée du XIIe siècle en passant par les parcs et les jardins aujourd’hui désertés, Inside Raqqa se penche avec précision sur les effets visibles de l’occupation de la ville par Daech. Mosquée chiite rasée, artères commerciales abandonnées, lieux remarquables transformés en “décors d’exécution” : partout où elle passe, l’organisation djihadiste défigure ce qu’elle saisit.
En août 2014, Vice publiait un témoignage vidéo rare, illustrant le quotidien anxiogène des habitants de la ville, coincés entre la menace sporadique des raids aériens de la coalition et celle, permanente, des instables miliciens locaux. Un an après le début des frappes de la coalition en Syrie, le 23 septembre 2014, l’OSDH comptabilisait 3700 victimes, dont 225 civils.
Depuis l’annonce des bombardements français, qui n’auraient fait aucune victime civile, le hashtag cynique #PrayForSyria cristallise les critiques des internautes à l’encontre de ces manœuvres. Et nourrit son propos pacifiste de fausses images d’enfants Palestiniens blessés par d’anciens bombardements israéliens. Comme l’écrit Libération, Raqqa ressemble de plus en plus à “une immense prison sous les bombes”. Une prison de 200 000 détenus, majoritairement innocents.