Une défense maladroite
Bien que la référence à cette affaire saute aux yeux, le photographe de mode s’est défendu en réfutant tout rapprochement avec le viol de New Dehli. Contacté par le site Buzzfeed, il a déclaré : “Ce n’est pas basé sur Nirbhaya [le nom attribué par les médias à la jeune fille qui signifie “sans peur”, ndlr]”. Avant de rajouter :
À voir aussi sur Konbini
Mais comme je fais partie de cette société et que je suis photographe, ce sujet m’émeut. Je vis dans une société où quelque chose comme ça pourrait arriver à ma mère, ma petite amie ou ma soeur.
Comme je suis photographe, mon seul moyen de communication c’est la photo. Pour moi c’est aussi simple que ça. C’est de l’art. Faire des films, écrire des articles ou des poèmes sont également des moyens de parler du sujets. Faire des photos de mode est la chose que je fais le mieux.
A cette ligne de défense adoptée par le photographe, se rajoute également une dénonciation des classes sociales assez confuse :
Le message que je voudrais faire passer c’est que peu importe qui est la fille, et de quelle classe sociale elle est issue ; cela peut arriver à n’importe qui. Nous vivons dans une société dans laquelle les riches se déplacent en voiture, et les pauvres en transport en commun – et sont donc plus en danger. Je voulais mixer ces deux univers très différents pour en extraire des images fortes et esthétiques.
Sur le plan personnel, j’ai aussi eu beaucoup de réactions. Sur mon Facebook, de mes amis. Je suis satisfait de mon travail, ça permet d’apporter de la lumière au sujet.
Magnifier un acte barbare
Bien que le photographe se soit expliqué sur ses intentions et s’efforce d’écarter toute référence au viol collectif de New Dehli, il n’en demeure pas moins que les similitudes sont indéniables. Et quoi qu’il dise, ses clichés tentent de magnifier un acte barbare. Raj Shetye a d’ailleurs fini par supprimer sa série photo du site Behance, sur lequel elle avait été mise en ligne.
Cette polémique fait écho à de nombreuses autres qui ne cessent de retentir dans le monde de la mode. Pour sortir leur épingle du jeu, certains magazines n’hésitent plus à faire des éditos autour de sujets chocs. En mars dernier, le magazine Vogue Italie publiait une série photo autour des violences domestiques, dans laquelle on voyait des femmes mortes sous les coups de leurs compagnons, habillées dans des vêtements luxueux. Il y a plus longtemps, c’est “Be My Slave”, un édito autour de l’esclavage dans le magazine DIVA qui avait été jugé très raciste.