Dans le cadre de son projet artistique “Il était une guerre”, Saint Hoax a prêté des déguisements de princesses Disney à des jeunes syriennes dans un camp de réfugiés.
Ce qui est bien quand on est gosse, outre l’absence de responsabilités, c’est qu’on peut passer des heures à s’inventer une vie et se mettre dans la peau d’un personnage. C’est pour cette raison que beaucoup de petites filles aiment se déguiser en princesse Disney.
Mettons un instant de côté le débat sur les défauts de ces personnages censés être des modèles – par exemple, leur silhouette est peu réaliste et elles comptent toujours sur les princes pour les sauver. Il n’empêche que ces les princesses Disney sont un luxe et que toutes les petites filles n’ont pas la chance d’enfiler des robes similaires à celle de Belle ou de Cendrillon. La vie est tout sauf un conte de fée pour les enfants qui vivent dans des camps de réfugiés.
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Dans la peau de leurs héroïnes, le temps d’une journée
L’artiste et activiste originaire du Moyen-Orient, Saint Hoax, utilise depuis longtemps son travail pour mettre en lumière les problèmes de société. Ces dernières années, il a gagné en popularité grâce à ses œuvres subversives, comme ses détournements de personnalités politiques.
Il aborde différents problèmes, comme l’islamophobie et la violence à l’encontre des femmes, parmi d’autres, et utilisent souvent les princesses Disney dans son travail. Son nouveau projet va bien au-delà de l’art et s’inscrit dans la vie réelle. En collaboration avec la maison de production basée à Beyrouth Plastik Studios et l’ONG libanaise Malaak, qui a pour ambition d’apporter de la joie dans la vie des enfants syriens, il a prêté des robes de princesse à des petites filles dans un camp de réfugiés afin qu’elles puissent se mettre dans la peau de leurs personnages préférés le temps d’une journée. Son projet s’intitule : “Il était une guerre”.
“À cause de la guerre civile, 4,6 millions de Syriens ont fui leur pays. En tant que citoyen syrien et qu’humain, je ressens le besoin d’aider”, explique Saint Hoax sur son site. Il a donc rencontré un groupe de fillettes dans le camp de réfugiés d’Akkar, dans le Nord du Liban, des “héroïnes de la vie réelle”, selon lui. Il les a encouragées à parler des petits bonheurs de la vie, de leurs rêves pour le futur et leur a organisé une fête déguisée. Car tous les enfants devraient avoir le droit de faire semblant, n’est-ce pas ?
“Je suis complètement obsédé par les princesses Disney”, a-t-il confié à Konbini par e-mail. J’avoue sans honte que j’ai passé mon enfance à jouer avec des poupées, à m’habiller comme les princesses, à regarder leurs dessins animés… Ces personnages sont associés aux rêves, et c’est quelque chose que tous les enfants devraient vivre.”
“Ces princesses sont une lueur d’espoir. Je pense que grandir avec ces princesses était très important pendant mon enfance, et je voulais transmettre cette expérience à ces fillettes et jeunes femmes extraordinaires du camp.”
L’artiste a ajouté que c’était la meilleure manière de faire connaissance avec les filles. Depuis la fin du projet, il a d’ailleurs gardé contact avec elles via Facebook. “C’était informel et tout le monde était à l’aise. C’était aussi une manière pour moi de célébrer la Journée internationale de la femme.”
Pour la plupart des fillettes, cette expérience était une première. “Hiba est née dans un camp et elle n’a connu que cette vie. Elle n’a jamais eu le droit à une vraie enfance” a expliqué Saint Hoax. Les princesses en herbe ont aussi accès à son compte Snapchat (nom d’utilisateur : SaintHoax) et depuis hier, elles partagent leur histoire. “Je voulais que les filles s’expriment librement et racontent leur histoire sans être censurées ou interrogées. Elles ont beaucoup aimé l’idée de partager leur histoire avec le monde. Elles n’avaient jamais eu l’occasion de le faire avant.”
Saint Hoax admet qu’avant de commencer le projet, il ne connaissait pas grand-chose à la crise des réfugiés, à part ce qu’il lisait dans les médias. Il ne savait donc pas à quoi s’attendre.
“Quand je suis allé sur le camp et que j’ai parlé à ces enfants, j’ai réalisé que ces enfants, comme n’importe quel enfant de leur âge, aimaient jouer, écouter de la musique, regarder des films Disney, passer du temps sur les réseaux sociaux.
Ils m’ont vraiment fait penser à moi quand j’étais enfant et c’était la première fois que j’ai réalisé que ça aurait pu m’arriver. En fait, ça peut arriver à n’importe qui ! Je me retrouve dans n’importe lequel d’entre eux.”
Si vous voulez faire un don à Malaak, rendez vous sur leur site.