Il l’a annoncé : le président de la République renonce à se présenter pour un second mandat.
Lors d’une conférence de presse particulièrement suivie, François Hollande a enfin annoncé sa position sur l’élection présidentielle qui se déroulera en mai prochain. Alors que le Parti socialiste et quelques autres formations de gauche choisiront leur candidat fin janvier 2017 à travers une primaire, le président de la République a expliqué qu’il ne se présentera pas.
Après avoir défendu son programme, de sa réponse aux attentats au Mariage pour tous, avouant n’avoir “qu’un seul regret : avoir proposé la déchéance de nationalité“, et attaqué en quelques mots les candidats de la droite, il a déclaré ainsi :
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“Plus que quiconque, je mesure l’enjeu de la période qui s’ouvre. […] Je ne peux me résoudre à la dispersion de la gauche, à son éclatement parce qu’elle priverait de tout espoir de l’emporter face au conservatisme, et pire encore, à l’extrémisme.
Pour ma part, je ne suis animé que par l’intérêt supérieur du pays. Pays que depuis plus de quatre ans et demi, j’ai servi avec sincérité, avec honnêteté. L’expérience m’a apporté l’humilité qui est indispensable à l’action publique. Et face aux épreuves, j’ai pu avoir une capacité inépuisable de résistance devant l’adversité. Mais le pouvoir, l’exercice du pouvoir, les lieux du pouvoir et les rites du pouvoir ne m’ont jamais fait perdre ma lucidité. Ni sur moi même ni sur la situation. Car je dois agir.
Aujourd’hui, je suis conscient des risques que feraient courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle, au renouvellement donc de mon mandat.”
C’est la première fois qu’un président de la Cinquième République ne se représente pas à sa propre succession.
Ce matin même, Arnaud Montebourg a déposé officiellement sa candidature à la primaire de la gauche. Le Premier ministre, Manuel Valls, qui avait affirmé qu’il ne se présenterait pas si le président en exercice était candidat, devrait logiquement être dans les starting-blocks. Nous connaîtrons tous les candidats à cette primaire le 15 décembre prochain. L’ex-ministre de l’Économie Emmanuel Macron, qui espère ratisser des voix au centre, s’était, lui, déjà déclaré sans passer par la case primaire.
Les réactions commencent déjà à tomber. Alors que Marine Le Pen ne s’est pas encore exprimée, François Fillon, le candidat du parti Les Républicains, analyse cette décision comme le fait d’admettre “avec lucidité, que son échec patent lui interdit d’aller plus loin”. Jean-Luc Mélenchon, candidat de gauche avec son mouvement La France insoumise et qui a obtenu le soutien du Parti communiste, rappelle que cette déclaration ne doit pas fonctionner “comme une amnistie pour tous les autres”.
Ce soir, le Président de la République admet, avec lucidité, que son échec patent lui interdit d'aller plus loin. #DirectPR
— François Fillon (@FrancoisFillon) 1 décembre 2016
Il ne faudrait pas que la déclaration de @fhollande fonctionne comme une amnistie pour tous les autres. #JLMTF1 #TF1
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 1 décembre 2016
Du côté de la majorité, l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault salue “une décision digne et courageuse” tandis que Manuel Valls voit là “le choix d’un Homme d’État”. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, quant à lui, encense François Hollande, qui “avec élégance, hauteur de vue, sens de la France et non sans émotion, a décidé de protéger son bon bilan“.
Je salue la décision digne et courageuse de François Hollande, dont la seule motivation est l'intérêt supérieur de la France.
— Jean-Marc Ayrault (@jeanmarcayrault) 1 décembre 2016
#Hollande pas candidat: Valls salue "le choix d'un homme d'Etat" (communiqué à l'AFP)
— Agence France-Presse (@afpfr) 1 décembre 2016
Le président de la République avec élégance, hauteur de vue, sens de la France et non sans émotion, a décidé de protéger son bon bilan.
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 1 décembre 2016