“Française de papier” : l’expression de Nadine Morano pour attaquer Rokhaya Diallo

“Française de papier” : l’expression de Nadine Morano pour attaquer Rokhaya Diallo

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(c) UMP via Flickr

Réagissant à la polémique entre Rokhaya Diallo et Bernard de la Villardière dans l’émission Touche pas à mon poste, Nadine Morano a eu recours à une vieille expression d’extrême droite, celle de “Français de papier”.

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Lundi 26 février, le présentateur de la chaîne M6 Bernard de la Villardière était l’invité de l’émission Touche pas à mon poste sur C8. À cette occasion, la journaliste Rokhaya Diallo l’a accusé de discriminer les femmes musulmanes qui portent le voile dans ses reportages pour Enquête exclusive.

Le journaliste a pour sa part accusé la chroniqueuse de “manipuler” le débat et a maintenu sa position sur le hijab, qu’il considère comme une “régression dans un pays où on essaye qu’il y ait une égalité entre les droits des femmes et des hommes”. Incapables de s’entendre, le ton est rapidement monté et le débat devenu inaudible. Bernard de la Villardière a finalement quitté le plateau.

L’émission de Cyril Hanouna étant celle qui fait le plus réagir les téléspectateurs sur Twitter, la scène a été évidemment immédiatement commentée. Des dizaines de commentaires ont fleuri sur Twitter et nombre d’entre eux ont frappé par leur caractère raciste, certains accusant la jeune femme de “racisme anti-blanc”, d’autres la surnommant “Raquaille Diallo” – sans parler de celui qui appelle au viol :

“Française de papier”

Nadine Morano a évidemment réagi immédiatement à la séquence. L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy a retwitté l’ancien candidat du Front national Jean Messiha, à qui le quotidien Libération avait appris qu’il était un immigré, pour qui Rokhaya Diallo est une “pimbêche idéologique”, “pire que Marlène Schiappa, Caroline de Haas et Clémentine Autain réunies”. Mais elle ne s’en est pas contentée, ajoutant le qualificatif “Française de papier”.

L’expression “Français de papier” avait été introduite par l’extrême droite, en particulier le Front national et l’Action française dans les années 1980, pour les opposer aux Français dits “de souche” et ainsi délibérément nier le droit du sol, le regroupement familial et instaurer des distinctions entre tous les citoyens.

Après l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, c’est l’ex-députée FN de la 3e circonscription du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen, qui l’avait reprise à son compte pour dénoncer la politique d’immigration du gouvernement :

“Je dis que les Français ont assez accepté et que dorénavant, les conditions d’acquisition de la nationalité, doivent être intégralement revues pour éviter la fabrication de Français de papier, en supprimant le regroupement familial et évidemment le droit du sol.”

L’ancienne ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, avait alors enregistré un message pour critiquer ce propos et rappeler qu’elle était une “enfant du regroupement familial”, mais surtout une Française “à l’égal de toutes et de tous” :

“Oui, je suis une enfant de l’immigration, je suis une enfant du regroupement familial mais non, je ne suis pas une Française de papier. Ministre de la République qui m’exprime depuis le bureau de Jean Zay, je suis une Française à l’égal de toutes et de tous et je ne suis pas une exception.”